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Des politiques français réclament l’asile pour la chrétienne pakistanaise Asia Bibi

Laurent Wauquiez, Anne Hidalgo, Marine Le Pen ou Michèle Alliot-Marie : par-delà leurs divergences, des politiques français plaident pour l’asile d'Asia Bibi, chrétienne pakistanaise accusée de blasphème et acquittée, mais menacée par les islamistes.

Asia Bibi, même acquittée par la Cour suprême, n'en a pas fini avec les fondamentalistes pakistanais qui ont obtenu l'examen d'une requête en révision du jugement d'acquittement de la jeune femme, accusée de blasphème. Face au danger de mort encouru par la chrétienne, toujours emprisonnée, et par sa famille, de nombreux politiques français ont solennellement demandé l'asile en sa faveur. 

Laurent Wauquiez, président des Républicains, a enregistré une vidéo dans laquelle il s'adresse à Emmanuel Macron. «Monsieur le président, c'est l'honneur de la France d'avoir toujours offert sa protection à ceux qui sont victimes des oppressions. Aujourd'hui une femme a besoin de la France, c'est Asia Bibi et sa famille», a-t-il imploré sur Twitter.

La maire PS de Paris, Anne Hidalgo, qui a fait d'Asia Bibi sa citoyenne d'honneur en 2014, a renouvelé son appui à la détenue, proposant de l'accueillir dans la capitale.

«Maintenant qu’elle est acquittée, je suis prête à l’accueillir à Paris [...] et l’accompagner elle et les membres de sa famille pour qu’ils puissent s’intégrer durablement en France», a-t-elle assuré selon l'AFP.

La députée européenne et ancien ministre Michèle Alliot-Marie a pour sa part proposé l’adoption d’une résolution d’urgence au Parlement européen pour Asia Bibi, demandant aux autorités pakistanaises d’assurer sa protection. Elle a appelé les pays recevant une demande d’asile à l’accepter.

Marine Le Pen, la présidente du Rassemblement national, était une des premières à demander l'asile de la Pakistanaise en France, dès le 31 octobre.

Benoît Hamon, ancien candidat PS à la présidentielle et fondateur de Génération-s, souhaite aussi que la France accueille Asia Bibi et sa famille. 

L'époux d'Asia Bibi, Ashiq Masih, a quant à lui réclamé l'asile pour sa famille aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne ou au Canada. L'avocat d'Asia Bibi, craignant pour sa vie, a pour sa part quitté le pays le 3 novembre. 

Les fondamentalistes veulent la tête d'Asia Bibi

Ulcérés par le verdict du 31 octobre annulant les charges pesant contre la chrétienne, les islamistes du parti radical Tehreek-e-Labbaik Pakistan ont organisé d'importants rassemblements, jour et nuit, dans plusieurs villes du pays. Les islamistes ont bloqué de nombreuses routes, saccageant et brûlant des magasins et des biens privés, hurlant des menaces de mort aux magistrats et à Asia Bibi et appelant l'armée à la mutinerie. Leur démonstration de force a ainsi fait plier le gouvernement qui a concédé aux manifestants un accord en cinq points. En conséquence, les autorités autorisent le dépôt d'une requête en révision du jugement de la Cour suprême et le lancement d'une procédure visant à interdire à Asia Bibi de quitter le territoire.

Le 31 octobre, le juge avait pourtant précisé que cette chrétienne, incarcérée depuis 2010 et condamnée à mort pour blasphème, allait être libérée «immédiatement».

Agricultrice, mère de cinq enfants, Asia Bibi avait eu, lors d'une journée aux champs, une dispute concernant un verre d'eau qu'une musulmane lui aurait interdit de boire. L'accusant d'avoir souillé un puits, cette dernière avait traité Asia Bibi de «chrétienne immonde» avant de lui demander de se convertir. «Je ne vais pas me convertir», aurait répondu Asia Bibi, avant d'ajouter : «Je crois en ma religion et en Jésus-Christ, qui est mort sur la croix pour les péchés de l'humanité. Qu'a fait votre prophète Mahomet pour sauver l'humanité ? Et pourquoi est-ce que ce devrait être à moi de me convertir et pas à vous ?» 

Quelques jours plus tard, Asia Bibi avait été accusée de blasphème, avant d'être condamnée à la peine capitale.

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