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Allemagne : nouveau camouflet pour Angela Merkel lors d'une élection régionale en Hesse

Le parti de centre-droit d’Angela Merkel et son allié social-démocrate ont essuyé un cinglant revers ce 28 octobre, lors des élections régionales en Hesse. Une nouvelle déconvenue, qui intervient après de mauvais résultats enregistrés en Bavière.

Le parti de centre droit d'Angela Merkel et son partenaire social-démocrate de coalition à Berlin ont subi de sévères pertes lors d'une élection régionale ce 28 octobre en Allemagne, rendant un peu plus incertaine la survie de son gouvernement. 

Selon les sondages effectués à la sortie des bureaux de vote par les chaînes de télévision publique ARD et ZDF, l'Union démocrate-chrétienne (CDU) de la chancelière arrive certes en tête du scrutin de l'Etat-région de Hesse avec entre 27% et 28% des voix, mais ce score représente une baisse d'une dizaine de points par rapport aux élections de 2013 où elle avait recueilli 38,3% des voix. Le résultat du parti social-démocrate (SPD) subirait la même dégringolade. Les sondages le crédite d'un score de 20%, contre 30,7% il y a cinq ans dans ce Land qui héberge Francfort, capitale financière du pays.

Cette double sanction pour les partis de pouvoir au plan fédéral, associés au sein d'une «grande coalition» difficilement mise sur pied en mars, est une mauvaise nouvelle pour Angela Merkel, à un moment où elle est déjà affaiblie politiquement.

C'est le deuxième scrutin régional décevant pour le camp chrétien-démocrate allemand, deux semaines après l'élection de Bavière où il a perdu la majorité absolue qu'il y détenait depuis des décennies. Cette situation risque d'attiser le débat au sein de la CDU sur l'avenir d'Angela Merkel, qui semble usée par 13 ans de pouvoir. Sa popularité n'a cessé de refluer depuis sa décision d'ouvrir les frontières du pays à plus d'un million de migrants en 2015 et 2016, tandis que le parti anti-immigration AfD (Alternative pour l'Allemagne) enchaîne les succès, profitant des craintes que suscitent les migrants dans l'opinion.

L'AfD triple son score en Hesse

Toujours d'après les sondages, l'AfD aurait triplé son score en Hesse et se situerait autout de 12%. Le parti devrait donc faire son entrée dans le dernier parlement régional du pays où il ne siégeait pas encore. Face à cette évolution, dans son propre camp, les détracteurs d'Angela Merkel réclament un coup de barre à droite et demandent qu'elle prépare sa succession. Début décembre, le congrès de la CDU où la chancelière doit en principe remettre son poste de présidente du parti en jeu constituera donc un test crucial pour Angela Merkel. 

La chancelière a toutefois limité les dégâts en Hesse car, au vu des sondages, le chef du gouvernement régional sortant, Volker Bouffier, proche d'Angela Merkel, paraît en mesure de conserver la tête d'une coalition dont les contours restent à définir. Une perte du Land de Hesse aurait placé la chancelière dans une dans une position intenable. Dans l'immédiat, le danger le plus sérieux qui la guette pourrait venir de son partenaire de coalition social-démocrate qui, scrutin après scrutin, ne cesse de s'enfoncer.

Les Verts ont le vent en poupe

Les Verts, de leur côté, doubleraient leur score de 2013 avec 20% de voix et semblent bien partis pour rester dans le gouvernement local en association avec les conservateurs. Le siphonnage de l'électorat social-démocrate par les écologistes devient un tendance lourde dans l'ensemble du pays et fait craindre à certains cadres du SPD une mort lente de leur parti, s'ils restent trop longtemps au pouvoir avec le centre-droit. 

Face à cette perspective et minée par des querelles internes, l'aile gauche du SPD réclame de plus en plus clairement une sortie du gouvernement de coalition à Berlin afin de partir se ressourcer dans l'opposition. Un tel scénario signerait la fin du gouvernement actuel et probablement celle de la carrière politique d'Angela Merkel, avec de nouvelles élections à la clé. «La Hesse va-t-elle faire exploser la grande coalition [qui gouverne à Berlin]», s'est demandé ce 28 octobre le quotidien le plus lu d'Allemagne, Bild. «Personne ne peut dire à 100% à quel point les choses vont rester stables», avait prévenu à l'avance la numéro deux de la CDU, Annegret Kramp-Karrenbauer.

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