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Les djihadistes français seront-ils aussi jugés pour leurs crimes contre les femmes yézidies ?

Viols, violences, esclavage. La fédération internationale des droits de l'homme demande justice pour les femmes yézidies martyrisées par des djihadistes français de Daesh, et plaide pour qu'ils soient traduits devant les tribunaux pour ces crimes.

Une étude de la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH), publiée ce 25 octobre, révèle le sinistre rôle des djihadistes français dans l'asservissement et l'humiliation des Yézidis, chassés d'Irak durant les conquêtes de Daesh, et demande justice. Viols, violences, traitements inhumains ; preuves à l'appui, l’organisation demande que les charges de crimes contre les femmes yézidies soient ajoutées aux faits de terrorisme qui pèsent déjà sur eux.

«Poursuivre ces djihadistes pour des infractions terroristes ne suffit pas ! Ils doivent aussi être poursuivis pour génocide et crimes contre l’humanité ! Si l’on reste sur le terrain terroriste, les voix des victimes ne sont pas entendues !», a ainsi tweeté la FIDH.

La FIDH a adressé des recommandations dans ce sens à plusieurs agences et entités des Nations unies, à l’Union européenne ainsi qu’à la Cour pénale internationale. Elle compte inviter des femmes yézidies victimes de djihadistes français à venir témoigner dans l'Hexagone.

Les djihadistes français coupables de crimes sexuels

Exécutions sommaires, vente sur des marchés aux esclaves ou sur internet, travail forcé, viol, violences, tortures... Peu d'études avaient jusqu'ici établi la responsabilité des combattants occidentaux dans les mauvais traitements infligés à la communauté yézidie. C'est désormais le cas grâce à ce rapport de la FIDH intitulé «Crimes sexuels contre la communauté yézidie : le rôle des djihadistes étrangers de Daech». Ses 58 pages compilent des témoignages de rescapées réfugiées au Kurdistan irakien, se confiant sur les violences subies entre 2014 et 2017. «La FIDH a découvert, sur la base des témoignages recueillis, que des djihadistes étrangers membres de Daesh, ont joué un rôle significatif dans la vente et l’esclavage des femmes et des enfants yézidis, y compris dans la revente de prisonnières yézidies à leur propre famille», stipule le rapport. Cinq femmes yézidies accablent des djihadistes français qu'elles accusent d'esclavagisme, de violences ou de viols.

Des Français qui achètent des esclaves et violent leurs proies

Les victimes ont pu facilement identifier la nationalité de leurs ravisseurs, grâce à leur maîtrise de rudiments d'arabe ou apercevant leurs papiers d'identité.

«A mon réveil, j’ai vu deux hommes discuter. Lorsque je me suis approchée, ils m’ont dit : "le Libyen n’a pas les moyens de te garder, et le Français veut t’acheter"», témoigne Rojin, 38 ans, rescapée yézidie. «J’ai été achetée par un Français qui m’a amenée vivre avec sa mère et ses deux sœurs à Raqqa. Je savais qu’il était français d’après la fille de leur voisin, qui était aussi française et qui m’a dit qu’ils étaient tous français. Sa sœur était aussi mariée un français à Deir Ezzor», raconte Katrin, 30 ans, autre rescapée. 

Il m’a violée trois fois après m’avoir menottée et bâillonnée

Les djihadistes français n'ont pas seulement acheté des femmes yézidies pour les tâches domestiques, mais aussi pour leur infliger des sévices sexuels. «Sa femme ne parlait pas un mot d’arabe, elle ne comprenait absolument pas le problème des Yézidis. Elle n’arrêtait pas de me demander ce que je faisais là, mais lui me disait de ne rien dire. Elle voulait que je parte. Quelques jours plus tard, il m’a emmenée loin de son foyer dans une autre maison. Là-bas, il m’a violée trois fois après m’avoir menottée et bâillonnée», raconte Salma, une Yézidie de 26 ans.

En août 2014, les djihadistes ont attaqué le mont Sinjar où vivaient les Yézidis, une des populations les plus anciennes de la Mésopotamie. Lors de l'invasion de Daesh, plus de 160 000 Yézidis ont été contraints de fuir, mais environ 6 000 d'entre eux, selon les rapports, ont été faits prisonniers. La moitié est aujourd'hui portée disparue. Parmi les survivants, pour la plupart des femmes, car les hommes étaient plus souvent exécutés, certaines ont réussi à fuir ou ont pu rejoindre leur famille après le versement d'une rançon. 

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