Au cours d’une conférence de presse organisée le 22 octobre à la Maison Blanche, Donald Trump s’est a nouveau indirectement adressé à Moscou et Pékin.
Le président américain a une nouvelle fois justifié la sortie de son pays du traité sur les armes nucléaires à portée intermédiaire INF (Intermediate-Range Nuclear Forces) co-signé par la Russie. Evoquant l'arsenal nucléaire étasunien, Donald Trump a ainsi déclaré : «Jusqu'à ce que les gens reviennent à la raison, nous le renforcerons.» Et de poursuivre : «Quand ils reviendront à la raison, nous serons tous intelligents et nous nous arrêterons. Non seulement nous arrêterons, mais nous réduirons [nos arsenaux nucléaires], c’est ce que j'aimerais faire.»
Interrogé sur le fait de savoir si ses mots constituaient une menace, le président américain a affirmé : «C'est une menace pour qui vous voulez. Cela inclut la Chine, cela inclut la Russie.»
Il a enfin conclu son intervention en assurant que les Etats-Unis étaient le seul pays à même de se lancer dans une course aux armements de grande ampleur : «Nous avons plus d'argent que n'importe qui d'autre […] Vous ne pouvez pas jouer à ce jeu avec moi.»
Visé par le président américain au même titre que Moscou, Pékin n’est pour autant pas signataire du traité INF. S'il n’a pas explicitement appelé à la concrétisation d’un nouveau traité, Donald Trump a laissé entendre que la Chine devrait faire partie d’éventuelles nouvelles discussions portant sur le contrôle des armes nucléaires.
John Bolton en visite en Russie pour discuter de l'accord
Dans ce contexte, le conseiller de la Maison blanche à la Sécurité nationale, John Bolton, a rencontré le 22 octobre le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, au lendemain de ses entretiens intenses avec plusieurs hauts responsables russes, dont le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. Le même jour, Konstantin Kossatchev, du Comité des Affaires étrangères de la Fédération de Russie, a estimé que si les Etats-Unis se retiraient du traité nucléaire INF et procédaient au déploiement de leur missiles de moyenne portée en Pologne ou dans les pays Baltes, «cela constituera[it] définitivement une menace militaire nouvelle pour la Russie». Il a également expliqué que les Etats-Unis étaient «à la recherche d'un avantage militaire unilatéral».
Le président russe Vladimir Poutine avait prévenu en octobre 2017 que tout retrait de Washington de l'accord provoquerait une mesure équivalente de la part de Moscou. Le 11 novembre, Donald Trump et Vladimir Poutine se retrouveront à Paris pour les célébrations du 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Signé en 1987 par les présidents américain et soviétique de l'époque, Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, le traité INF avait aboli l'usage d'une série de missiles d'une portée variant de 500 à 5 500 kilomètres. Il avait mis un terme à la crise déclenchée dans les années 1980 par le déploiement des SS-20 soviétiques à têtes nucléaires ciblant les capitales occidentales.