Interpol a annoncé le 7 octobre au soir la démission de son président chinois Meng Hongwei, qui était porté disparu depuis plus de dix jours. Cette annonce est intervenue peu après que Pékin a fait savoir que l'homme faisait l'objet d'une enquête dans son pays, étant soupçonné d'avoir «violé la loi». Le désormais ex-patron d'Interpol et vice-ministre chinois de la Sécurité publique a «accepté des pots-de-vin», selon les autorités chinoises.
Grace Meng, l'épouse de Meng Hongwei, qui avait signalé sa disparition «inquiétante» à la police française le 4 octobre, a déclaré pour sa part le 7 octobre à des journalistes à Lyon, siège mondial d'Interpol, que son mari, âgé de 64 ans, était «en danger».
Un emoji de couteau envoyé à sa femme
Grace Meng, placée sous protection policière après avoir reçu des menaces, a fait part de sa vive inquiétude devant la presse en révélant que le dernier message reçu du téléphone de son mari le 25 septembre alors qu'il était en Chine ne comportait qu'une émoticône représentant un couteau. «Attends mon appel», lui avait-il indiqué dans un précédent message.
Pour Grace Meng, le sort réservé à son mari, sous les yeux de l'opinion publique mondiale, relève de la «ruine politique». «Tant que je ne le vois pas en face de moi, en train de me parler, je ne peux pas avoir confiance», Grace Meng, qui vit à Lyon avec leurs deux enfants, s'est exprimée dos aux caméras, refusant également d'être photographiée de face. «Cette affaire relève de la justice. Cette affaire concerne la communauté internationale. Cette affaire concerne le peuple de mon pays», a-t-elle dit d'une voix tremblante, étouffant un sanglot.
Une première au sein des grandes institutions internationales
Le 6 octobre, le secrétaire général de l'organisation policière qui comprend 192 pays membres, l'Allemand Jürgen Stock, qui conduit ses opérations au quotidien, avait demandé à la Chine «une clarification» sur la situation de Meng Hongwei.
Ce n'est pas la première fois que des personnalités de haut rang de la diaspora chinoise, en France ou dans d'autres pays, manquent subitement à l'appel sur fond de campagne anti-corruption menée par Pékin, soupçonnée de servir en même temps de purge politique. En France, en 2015, l'homme d'affaires Mike Poon, alors au centre du rachat de l'aéroport de Toulouse-Blagnac, avait disparu des radars pendant plusieurs mois, expliquant à son retour avoir été interrogé dans le cadre d'une enquête sur le secteur aéronautique. La même année en Chine, c'est le président du conglomérat Fosun, propriétaire du Club Méditerranée, le milliardaire Guo Guangchang, qui avait disparu de façon énigmatique pendant quelques jours.
Reste que le cas de Meng Hongwei, qui a gravi les échelons de l'appareil sécuritaire chinois à l'époque où celui-ci était dirigé par un rival de Xi Jinping, est une première au sein de grandes institutions internationales. Ce rival, Zhou Yongkang, purge actuellement une peine de prison à perpétuité après avoir été condamné en 2015 pour corruption, abus de pouvoir et divulgation de «secrets d'Etat».
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