Les membres de l'Union européenne (UE), qui cherchent à sauver l'accord sur le nucléaire iranien de 2015 malgré la sortie fracassante des Etats-Unis de ce texte en mai dernier, ont annoncé la mise en place d'un système spécial de paiement pour les entreprises travaillant en Iran, destiné à leur permettre d'éviter les sanctions américaines.
«Concrètement, les Etats membres de l'UE vont instaurer une entité légale pour faciliter les transactions financières légitimes avec l'Iran», a expliqué le chef de la diplomatie de l'UE, Federica Mogherini, dans une déclaration lue conjointement avec le ministre iranien des Affaires étrangères Javad Zarif, le 24 septembre au soir. «Ce système permettra aux compagnies européennes de continuer à commercer avec l'Iran conformément au droit européen et pourrait être ouvert à d'autres partenaires dans le monde», a-t-elle précisé.
Les représentants des six pays signataires encore membres de l'accord – France, Royaume-Uni, Chine, Russie, Allemagne et Iran – étaient présents à cette réunion, organisée en marge de l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, démarrant le 25 septembre. Selon des sources européennes citées par l'AFP, ce «véhicule dédié» fonctionnera comme une bourse d'échanges ou un système de troc sophistiqué à partir de la vente de pétrole iranien, première ressource du pays.
Chambre de compensation
Si, par exemple, l’Iran vend du pétrole à l'Espagne et l'Allemagne des machines-outils à Téhéran, la somme correspondant à la livraison du pétrole servirait directement à payer le fournisseur allemand. «Il y aura une sorte de chambre de compensation qui vérifie que la valeur des biens exportés et importés par l'Iran se compensent», décrypte une source diplomatique française à l'AFP.
Ce mécanisme «immuniserait» acheteurs et vendeurs en évitant des transactions en dollars, qui pourraient les exposer à des sanctions américaines. «Le pétrole est la seule contrepartie que l'Iran peut donner [...] Les recettes du pétrole peuvent être utilisées pour importer des biens», poursuit la source française.
L'accord international conclu en 2015 est censé empêcher l'Iran de se doter d'armes nucléaires et le sortir parallèlement de son isolement économique grâce à une levée des sanctions qui l'étranglaient. Mais en sortant de l'accord, Washington a rétabli une série de lourdes sanctions visant aussi les entreprises ou pays étrangers qui continueraient de faire des affaires avec Téhéran. Sous la menace, nombre de grands groupes européens (Total, Daimler...) très engagés aux Etats-Unis ont depuis cessé toute activité avec l'Iran par crainte de représailles américaines.
Le 4 novembre, une nouvelle vague de sanctions américaines frappera directement les exportations de pétrole iraniennes et les opérations bancaires avec ce pays, qui se retrouvera de facto déconnecté des circuits financiers internationaux.