Alors que la Russie met en garde depuis plusieurs jours contre une mise en scène d'attaque chimique fomentée selon elle par des djihadistes dans la région d'Idleb dans le but de l'attribuer au gouvernement syrien, la diplomatie américaine persiste à menacer d'intervenir en Syrie ce 12 septembre.
Lors d'un entretien à Fox News, la représentante permanente des Etats-Unis auprès des Nations unies Nikki Haley, a ainsi fait savoir que les Etats-Unis répondraient à «toute attaque contre la population civile à Idleb». «Ne nous testez plus», a-t-elle également déclaré, s'adressant au gouvernement syrien et à ses alliés, la Russie et l'Iran.
Abordant la question de la reconquête nationale syrienne menée par l'armée de Bachar el-Assad, qui tente de reprendre le contrôle d'une des dernières poches djihadistes du pays, Nikki Haley avait déjà adressé un avertissement la veille, devant le Conseil de sécurité de l'ONU.
«Nous considérons toute attaque contre Idleb comme une escalade imprudente du conflit. Si Assad, la Russie et l’Iran continuent sur ce chemin, les conséquences seront désastreuses. Le monde les tiendra responsables», avait-elle affirmé, sans faire référence à une quelconque utilisation d'armes chimiques.
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Revirement de la position américaine ?
Les Etats-Unis ont-ils changé leur fusil d'épaule ? Le 4 septembre, Nikki Haley, expliquait à l'endroit de la Syrie et de ses alliés : «S'ils souhaitent continuer de récupérer la Syrie, il le peuvent. Mais ils ne peuvent pas le faire à l'aide d'armes chimiques.» Une ligne rouge a priori claire de la part de la coalition occidentale, qui l'avait amenée à frapper la Syrie en avril dernier après avoir accusé le gouvernement syrien d'une attaque chimique à Douma, ce que Damas et Moscou ont toujours réfuté.
La Russie, de son côté, a mis en garde contre une potentielle attaque sous faux drapeau visant à décrédibiliser Damas. Moscou a ainsi affirmé que des images de mise en scène d'une attaque chimique dans la région d'Idleb avaient été tournées afin de pointer du doigt la culpabilité du gouvernement syrien et de provoquer ainsi une nouvelle intervention militaire occidentale.
De son côté, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a fait part de la position de Paris quant à la reprise d'Idleb par l'armée syrienne. Le ministre des Affaires étrangères a ainsi mis en garde contre un risque de «dispersion» de milliers de djihadistes à Idleb en cas d’assaut des forces loyales à Damas. «Il y a un risque sécuritaire dans la mesure où dans cette zone se trouvent beaucoup de djihadistes, se réclamant plutôt d'al-Qaïda, qui sont entre 10 000 et 15 000 et qui sont des risques pour demain, pour notre sécurité», a précisé le ministre, sans proposer d'autre solution que le statu quo.