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Rôle international de l'euro, frontières, Brexit, Afrique : Juncker présente ses ambitions pour l'UE

Dans son discours de rentrée, le chef de l'exécutif européen a évoqué les développements qu'il souhaitait voir entreprendre l'UE. Il a appelé à se dégager du dollar dans les échanges commerciaux et à développer le partenariat avec l'Afrique.

C'est la rentrée des classes pour le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. Dans son dernier discours sur l'état de l'Union européenne (UE), l'ancien Premier ministre du Luxembourg a appelé ce 12 septembre Bruxelles à «devenir davantage un acteur global» en prenant conscience de sa force sur la scène mondiale.

L'euro pour concurrencer le dollar ?

Preuve de cette ambition affichée, le chef de l'exécutif européen a annoncé en français devant les eurodéputés réunis en session plénière à Strasbourg qu'il allait proposer «avant la fin de l'année des propositions pour renforcer le rôle international» de la monnaie unique.

Il est aberrant que l'Europe règle 80% de sa facture d'importation d'énergie [qui s'élève à 300 milliards d'euros par an] en dollars américains, alors que 2% seulement de nos importations d'énergie nous proviennent des Etats-Unis

«L'euro doit devenir l'instrument actif de la nouvelle souveraineté européenne», a déclaré Jean-Claude Juncker, dans un contexte commercial international marqué par le protectionnisme américain et la volonté de pays comme la Russie, la Turquie, l'Iran ou encore l'Irak de sortir de la dépendance au dollar. «Il est aberrant que l'Europe règle 80% de sa facture d'importation d'énergie [qui s'élève à 300 milliards d'euros par an] en dollars américains, alors que 2% seulement de nos importations d'énergie nous proviennent des Etats-Unis», s'est-il insurgé, prenant également l'exemple des compagnies aériennes européennes qui achètent des avions européens «en dollars et non pas en euros».

Selon le Luxembourgeois, la première étape consiste à renforcer l'Union économique et monétaire. Bruxelles a ainsi notamment proposé de créer un «Fonds monétaire européen» pour venir en aide aux pays de la zone euro en difficulté et a aussi mis en avant des dispositions pour achever l'Union bancaire.

Juncker veut porter à 10 000 le nombre de garde-frontières contre 1 500 actuellement

Autre point sensible de la politique communautaire évoqué par Jean-Claude Juncker, la gestion de la crise migratoire. Il a fait savoir qu'il souhaitait un renforcement significatif de l'agence européenne de gardes-frontières, proposant qu'elle puisse disposer d'ici 2020 de 10 000 agents mobilisables aux confins de l'Union. L'effectif de Frontex est aujourd'hui d'environ 1 500 personnes.

Sur le Brexit, le successeur de José Manuel Barroso a estimé : «Le gouvernement britannique doit comprendre que quelqu'un qui quitte l'Union ne saurait avoir la même position privilégiée qu'un Etat membre. Si on quitte l'Union, on ne fait évidemment pas partie de notre marché unique et certainement pas de certaines de ses parties.»

Cette sortie n'a pas empêché Nigel Farage, député européen britannique et figure du Brexit, de lui offrir des chaussettes ornées du motif de l'Union Jack, le drapeau du Royaume-Uni, à la fin du discours.

L'Afrique n'a pas besoin de charité mais «d'un partenariat équilibré»

S'exprimant sur un partenaire majeur de l'UE, l'Afrique, il a proposé un nouveau partenariat économique entre les deux continents qui permettrait de créer «jusqu'à 10 millions d'emplois» de l'autre côté de la Méditerranée dans les cinq prochaines années. «36% du commerce de l'Afrique se fait d'ores et déjà avec l'UE, mais les échanges commerciaux entre nous ne sont pas suffisants», a-t-il encore déploré, estimant que l'Afrique n'avait pas besoin de charité mais «d'un partenariat équilibré».

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