Le 1er septembre, la police allemande a décompté plus de 11 000 personnes présentes dans le cadre de deux manifestations rivales, pro et anti-migrants, organisées dans la ville de Chemnitz, plusieurs jours après le meurtre d'un Allemand, pour lequel sont soupçonnés deux migrants. Selon un bilan publié ce 2 septembre par la police, des heurts avec les forces de l'ordre sont survenus lors de la dispersion de deux cortèges antagonistes et 18 personnes ont été blessées.
Quelque 300 personnes ont été arrêtées après que les forces de l'ordre sont intervenues en raison de l'intensité des tensions existant entre certains participants de chacune des manifestations. Les autorités ont en outre signalé 25 infractions de divers types : dégâts matériels, violences, résistance à la police ou encore utilisation d'insignes interdits.
Organisée par une frange de la droite anti-immigration, dont le parti AfD («Alternative pour l'Allemagne») et le groupe PEGIDA («Les Européens patriotes contre l’islamisation de l’Occident»), une première marche vu défiler des drapeaux et des affiches représentant des victimes de violences attribuées à des migrants. Les participants, environ 8 000 selon l'AFP, étaient réunis autour du slogan : «Nous sommes le peuple» – slogan employé lors des manifestations qui ont entraîné la chute de la RDA à l'automne 1989.
Dans le but de faire face à cette manifestation, un deuxième rassemblement a fait converger quelque 3 000 personnes, selon les chiffres de la police. Lancée par la mouvance antifasciste autour du slogan «contre la haine», cette initiative a été soutenue par certains partis allemands, comme l'Union chrétienne-démocrate (CDU) d'Angela Merkel, les sociaux-démocrates (SPD), les Verts ou encore die Linke, le parti de de gauche. De plus, le gouvernement, par la voix du ministre des Affaires étrangères Heiko Maas, a apporté son soutien à cette dernière manifestation, qui sera suivie ce 2 septembre par un concert rock contre la xénophobie, sous le slogan «Nous sommes plus nombreux».
En outre, selon la police, des groupes de contre-manifestants au rassemblement de droite ont tenté de l’infiltrer.
Enfin, l'AFP rapporte qu'en marge de ces rassemblements, dans un quartier périphérique de Chemnitz, un Afghan de 20 ans a été roué de coups dans la soirée par un groupe de quatre hommes au visage camouflé. Il a été légèrement blessé selon la police.
Le meurtre d'un Allemand de 35 ans à Chemnitz, le 25 août, lors d'une attaque au couteau pour laquelle sont soupçonnés deux immigrés (un Syrien de 23 ans et un Irakien 22 ans), a provoqué une série de manifestations et de débordements dans cette ville d'Allemagne de l'Est qui compte près de 245 000 habitants.
L'immigration est un sujet politique au cœur des débats en Allemagne, depuis qu'Angela Markel a décidé d'ouvrir les portes de son pays à un million de migrants en 2015. La question migratoire n'est d'ailleurs plus l'apanage de la droite, le leader du groupe de gauche radicale au Parlement allemand, Sahra Wagenknecht, ayant récemment annoncé sa volonté de durcir la politique d'immigration allemande.
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