Dans un post Facebook publié le 30 août, «en réponse aux questions des médias», l'ambassadeur russe à Washington Anatoly Antonov a confirmé avoir rencontré le représentant spécial des Etats-Unis pour la Syrie James Jeffrey et David M. Satterfield,secrétaire d'Etat adjoint américain par intérim aux Affaires proche-orientales, le 27 août, pour évoquer la guerre en Syrie. Saluant la réactivité des diplomates américains, Anatoly Antonov s'est également félicité d'un échange «constructif et professionnel».
Au cœur de cette réunion : l'inquiétude de Moscou à propos d'éventuelles nouvelles frappes aériennes coordonnées par les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni sous prétexte d'une potentielle nouvelle attaque chimique imputée au gouvernement syrien. Les trois puissances occidentales ont en effet mis en garde le président syrien Bachar el-Assad, le 22 août dernier, l'alertant qu'une nouvelle attaque chimique ne resterait pas «impunie».
«Nous avons déconseillé aux Etats-Unis de s'engager dans une nouvelle agression illégale et sans fondement contre la Syrie», a ainsi affirmé Anatoly Antonov. «Une nouvelle aggravation [de la situation] en Syrie ne serait dans l'intérêt national de personne, et seuls les terroristes en profiteraient», a-t-il ajouté.
Moscou a en outre fourni à Washington, lors de cette réunion, des détails sur la préparation d'une provocation à l'arme chimique qui pourrait prochainement avoir lieu à Idlib, évoquant notamment la livraison de «huit réservoirs de chlore».
Une attaque chimique prétexte à une nouvelle intervention militaire ?
Le ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov avait déclaré le 29 août que la mise en scène d'une attaque chimique en Syrie, dans la région d'Idlib, aurait pour objectif d'empêcher l'élimination des combattants du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda désormais connue sous le nom de Front Fatah al-Cham.
La veille, le ministère russe de la Défense, par la voix du général Alexeï Tsygankov, avait assuré qu'un stock important de produits chimiques avait été livré aux militants du groupe Ahrar al-Sham à Idlib, avec l'aide de l'organisation controversée des Casques blancs, dans le but prévisible de mettre en scène une attaque chimique. Selon Moscou, celle-ci permettrait ainsi de tenir le gouvernement syrien pour responsable et de justifier une nouvelle intervention militaire. L'armée syrienne est engagée dans cette région, dernière poche du pays contrôlée par les djihadistes.
Cette déclaration intervient deux jours après que le porte-parole du ministère russe de la Défense Igor Konachenkov a déclaré que l'USS Ross, un destroyer américain, était entré en Méditerranée le 25 août, armé de 28 missiles de croisière Tomahawk capables de frapper n'importe quelle cible en Syrie. Le même jour, la Russie avait prévenu que des djihadistes, aidés par les Britanniques, préparaient une attaque chimique en Syrie, qui pourrait déboucher sur une nouvelle intervention militaire.
Quelques jours plus tôt, les Occidentaux avaient mis en garde Damas. John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale du président américain Donald Trump avait prévenu que Washington réagirait «très fortement» si l'armée syrienne avait recours aux armes chimiques dans son offensive pour reprendre la province d'Idlib, l'un des derniers fiefs des insurgés islamistes dans le pays.