Alors qu'environ 150 migrants, secourus en Méditerranée les 15 et 16 août par le navire Diciotti, stationnent toujours au large de Catane en Sicile, le parquet d'Agrigente, toujours sur l'île italienne, a annoncé ce 25 août qu'une enquête avait été ouverte contre Matteo Salvini. Le ministre italien de l'Intérieur et leader du parti anti-immigration La Ligue est accusé de «séquestration de personnes, arrestations illégales et abus de pouvoir».
Si les autorités sanitaires du port de Catane ont autorisé le même jour le débarquement pour raison de santé de 12 personnes, la veille, Matteo Salvini avait prévenu qu'aucun migrant ne serait autorisé à débarquer tant qu'une solution européenne pour leur prise en charge ne serait pas trouvée.
Selon plusieurs médias italiens, la justice transalpine a également décidé de poursuivre son chef de cabinet. Un «tribunal des ministres» de Palerme prendra le relais pour mener l'enquête.
Cette décision fait suite à l'interrogatoire mené par Luigi Patronaggio, procureur du parquet d'Agrigente, de deux hauts responsables du ministère de l'Intérieur. Luigi Patronaggio a effectivement cherché à comprendre le processus de décision et à connaître le donneur d'ordre, deux éléments qui ont abouti à l'interdiction du débarquement des migrants.
Un obstacle judiciaire pour Matteo Salvini qui a tout de même assumé sa politique anti-immigration dans une réunion politique dans le nord du pays. «Ils [les magistrats] peuvent m'arrêter moi mais pas la volonté de 60 millions d'Italiens», a-t-il déclaré.
Le 25 août, l'ONU a d'ailleurs renvoyé l'Italie et l'Union européenne dos à dos en exhortant Rome à faire débarquer les migrants tout en appelant les Européens à les accueillir en urgence. Le vice-président du Conseil italien, Luigi Di Maio, avait donné jusqu'au 24 août à Bruxelles pour trouver une solution sur la répartition des migrants bloqués sur le Diciotti. Pour accroître la pression sur les instances européennes, il avait en outre menacé de réduire les versements dus à l'UE par l'Italie. Un porte-parole de la Commission européenne a balayé le même jour l'ultimatum italien, soulignant que les Européens continuaient «de travailler intensivement pour résoudre la situation».
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