«En Italie, 5 millions de personnes, dont 1,2 million d'enfants, vivent en situation de pauvreté absolue et font la grève de la faim tous les jours, dans le silence des journalistes et des bien-pensants», a déclaré Matteo Salvini, le ministre italien de l'Intérieur, en réaction à l'annonce de la grève de la faim entamée le 24 août par des migrants qui se trouvent à bord du navire Diciotti.
Plusieurs médias italiens ont en effet rapporté qu’une partie des 150 migrants retenus sur le bateau avait entamé une grève de la faim pour protester contre leur maintien à bord. Joint par l’AFP, les garde-côtes ont précisé que ces migrants «avaient refusé de prendre leur petit-déjeuner le 24 août au matin». «Je viens de recevoir des nouvelles du capitaine du port à bord du Diciotti. Il y a des tensions et des migrants ont commencé une grève de la faim», a également tweeté David Faraone, sénateur du Parti démocrate italien (centre gauche), défavorable à la politique migratoire prônée par Matteo Salvini. La veille, cet ancien secrétaire d'Etat des gouvernements Renzi avait publié une vidéo alors qu'il était en immersion à bord du Diciotti, en compagnie du député sicilien du même parti, Carmelo Miceli. Sur ces images, on voit les deux hommes pénétrer sur le pont du navire gantés, masqués, avec des protections aux jambes et n'adressant la parole à aucun migrant.
Le 25 août, l'ONU a renvoyé l'Italie et l'Union européenne dos à dos en exhortant Rome à débarquer les migrants tout en appelant les Européens à les accueillir d'urgence. Le vice-président du Conseil italien, Luigi Di Maio, avait donné jusqu'au 24 août à Bruxelles pour trouver une solution sur la répartition des migrants bloqués sur le Diciotti, menaçant de réduire ses versements à l'UE. Un porte-parole de la Commission européenne a balayé le même jour l'ultimatum italien, soulignant que les Européens continuaient «de travailler intensivement pour résoudre la situation».
«L'Italie est obligée de prendre acte que l'Europe a perdu aujourd'hui une bonne occasion» de montrer son attachement aux «principes de solidarité et responsabilité» qu'elle cite toujours comme étant des «valeurs fondamentales», a déploré sur Facebook le chef du gouvernement, Giuseppe Conte. Sans donner de détails, il a ajouté que l'Italie allait «en tirer les conséquences».
Jamais un Etat membre n'a refusé de payer sa contribution, obligation inscrite dans les traités de l'UE. Selon les chiffres de la Commission européenne, l'Italie a contribué au budget européen à hauteur de près de 14 milliards d'euros en 2016 et reçu 11,6 milliards au travers de différents programmes européens.