Un gros porteur Antonov 124 de l'armée russe, chargé de 50 tonnes de matériel médical et de biens de première nécessité fournis par la France, a décollé vers 3h du matin, dans la nuit du 20 au 21 juillet, de l'aéroport de Châteauroux (Indre) vers la base russe de Hmeimim, dans l'ouest de la Syrie, a précisé le directeur de l'aéroport, Mark Bottemine, à l'AFP.
Cette opération humanitaire conjointe est une première en Syrie entre la Russie, qui a changé la donne en volant militairement au secours du président Bachar al-Assad en 2015, et un pays occidental.
«Dans le cadre de la résolution 2401 du Conseil de sécurité des Nations unies, ce projet a pour objectif de permettre un meilleur accès de l’aide aux populations civiles», a souligné la présidence française dans un communiqué conjoint franco-russe.
L'aide, destinée à la Ghouta orientale, près de Damas, doit être distribuée le 21 juillet par le Croissant-Rouge syrien sous la supervision du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (Ocha) des Nations unies, a-t-on précisé le 20 juillet au Quai d'Orsay.
«Ce n'est pas un coup politique, c'est une opération humanitaire»
La France a obtenu des «garanties» de la Russie que Damas ne ferait pas obstruction à son acheminement, comme il le fait régulièrement avec les convois de l'ONU, et que toute «récupération politique» et tout «détournement» du matériel seraient évités, selon Paris.
«Les Russes sont intervenus de manière très décisive pour que les autorisations soient délivrées» et que l'aide soit acheminée «dans des délais décents», a-t-on relevé au ministère français des Affaires étrangères.
En quelques heures, équipements médicaux, tentes, kits de cuisine et couvertures – certaines palettes portant la mention «Centre de crise» du ministère français des Affaires étrangères – ont été embarqués dans le ventre béant du cargo, a constaté un photographe de l'AFP.
La valeur de l'aide fournie par la France s'élève à 400 000 euros. Le matériel médical (antiobiotiques, matériel de réanimation, perfusions, compresses...) est destiné à 500 blessés lourds et 15 000 blessés légers dans la Ghouta orientale, reprise par Damas en avril.
Après Alep, Homs et la Ghouta, Bachar al-Assad poursuit sa reconquête sur le terrain face aux rebelles et djihadistes avec l'aide de la Russie et de l'Iran.
En matière humanitaire, nous n'avons jamais décidé qui étaient les bons Syriens, qui étaient les mauvais Syriens
Paris se défend de son côté de valider d'une quelconque manière une «pax russa» en Syrie. «Ce n'est pas un coup politique, c'est une opération humanitaire», insiste-t-on au Quai d'Orsay.
«Nos exigences à l'égard de la Russie et notre vision de la solution politique ne changent pas», mais «si nous voulons une solution politique, il faut des mesures de confiance», ajoute-t-on.
L'octroi d'une aide française dans des zones sous contrôle de Damas pourrait aussi poser question. Elle doit être dispensée «partout sur le territoire syrien sans exception, où le droit international humanitaire doit être pleinement respecté», réplique le communiqué commun.
«En matière humanitaire, nous n'avons jamais décidé qui étaient les bons Syriens, qui étaient les mauvais Syriens», renchérit-on au Quai. Le programme d'urgence de 50 millions d'euros annoncé par Emmanuel Macron en avril s'adresse à toute la Syrie, fait-on observer.