Habitué des déclarations fracassantes et des insultes, le président philippin a mis au défi les chrétiens de prouver l'existence de Dieu, balayant d'un revers de la main des siècles d'arguments théologiques sophistiqués.
Si n'importe lequel d'entre vous, tous les bruyants là, peut dire qu'il a été au paradis, a parlé à Dieu, l'a vu personnellement [...], alors je démissionnerai ce soir-même», a-t-il lancé le 6 juillet lors de l'un de ses discours fleuves sans notes qu'il affectionne. Et le Saint-Thomas philippin de poursuivre, cité par le quotidien anglophone Philippine Star : «Je n'aurais besoin que d'un seul témoin qui dirait : "[...] ces fous de l'Eglise m'ont ordonné d'aller dans les cieux et de parler à Dieu. Dieu existe vraiment : nous avons une photo de Lui avec nous et j'ai amené un selfie.»
Poursuivant sa charge contre les catholiques, largement majoritaires dans cette ancienne colonie espagnole, Rodrigo Duterte s'en est ensuite pris à l'Eglise elle-même. «Si vous aidez vraiment les gens, pourquoi leur demandez-vous de l'argent», a lancé le chef d'Etat. En rupture ouverte avec le Créateur, le président philippin s'en était vivement pris à Lui le 22 juin dernier, Le qualifiant de «stupide» et de «fils de p...». Une insulte dont il a, par le passé, gratifié moult mortels. Parmi lesquels on note des dirigeants tels que Barack Obama et quelques diplomates.
Pour autant, Rodrigo Duterte entretient un rapport particulier à la religion. En 2016, d'après le Philippine Star, il affirmait qu'il croyait en Dieu mais pas dans la religion. Un distinguo subtil qui ne l'avait pas empêché, souverainisme face aux Etats-Unis oblige, d'exiger en 2017 de Washington la restitution de trois cloches d'église dont s'était emparée l'armée américaine en 1901 lors d'une expédition punitive contre des indépendantistes, qui s'apprêtaient alors à passer du joug espagnol à la colonisation états-unienne.