Le président des Philippines Rodrigo Duterte a exigé ce 25 juillet des Etats-Unis qu'ils restituent trois cloches d'église emportées comme trophées par l'armée américaine au cours d'une sanglante campagne de représailles en 1901. Deux des cloches se trouvent aujourd'hui dans le Wyoming, dans un mémorial en l'honneur des soldats américains tombés au champ d'honneur, tandis que la troisième est installée dans une base militaire américaine en Corée du Sud.
Ces cloches constituent le souvenir de l'héroïsme de nos ancêtres qui ont résisté aux colonisateurs américains
«Rendez-nous ces cloches de Balangiga. Elles ne sont pas à vous. Elles sont à nous. Elles appartiennent aux Philippines. Elles font partie de notre patrimoine national», a lancé Rodrigo Duterte au cours d'une allocution publique. «Ces cloches constituent le souvenir de l'héroïsme de nos ancêtres qui ont résisté aux colonisateurs américains et ont sacrifié leurs vies pour cela», a-t-il ajouté.
Interrogée à ce sujet par l'AFP, la porte-parole de l'ambassade des Etats-Unis aux Philippines, Molly Koscina, a répondu prudemment. «Nous sommes conscients que les cloches de Balangiga ont une signification profonde pour beaucoup de gens, à la fois aux Etats-Unis et aux Philippines», explique-t-elle. «Nous continuerons à travailler avec nos partenaires philippins pour trouver une solution», ajoute-t-elle.
Les cloches avaient été prises dans l'église catholique de Balangiga le 28 septembre 1901, dans l'île de Samar, pendant une expédition punitive de l'armée américaine contre des rebelles indépendantistes philippins qui avaient tué 34 soldats dans la ville un mois plus tôt. Balangiga avait été entièrement rasée et sa population massacrée au cours de cette opération de représailles. En 1998, le président philippin de l'époque, Fidel Ramos, avait vainement tenté de récupérer les cloches au cours d'une visite à Washington.
En tant qu'ancienne colonie américaine de 1898 à 1946, les Philippines ont des relations culturelles et économiques très fortes avec les Etats-Unis. Les deux pays sont aussi liés par un traité de défense mutuelle et les forces américaines assistent depuis des années les Philippins dans diverses tâches liées à la sécurité de l'archipel. Mais Rodrigo Duterte a fait de sa défiance envers Washington l'un des axes les plus marqués de sa communication et n'hésite pas à brandir la confrontation avec les Etats-Unis comme témoignage de sa détermination à revaloriser son pays.