Le 24 juin, Recep Tayyip Erdogan, grand favori du scrutin, arrive en tête des élections turques, alors que plus de 99% des bulletins ont été dépouillés. Le président turc, qui devrait exercer un nouveau mandat de cinq ans, a pris la parole pour revendiquer la victoire : «Les résultats non officiels des élections sont clairs. Selon eux, notre nation m'a confié la responsabilité de président de la République.» Il a également revendiqué la majorité parlementaire pour l'alliance dominée par son parti, l'AKP.
«La Turquie, avec un taux de participation de près de 90%, a donné une leçon de démocratie au monde entier», s'est encore réjoui Recep Tayyip Erdogan. D'après l'agence de presse Anadolu, le président sortant arrivait en tête avec un score de 52,5% après dépouillement de près de 95% des urnes, et l'alliance de l'AKP menait avec 53,61%.
Le principal concurrent de Recep Tayyip Erdogan, le social-démocrate Muharrem Ince, arrive en deuxième position de la présidentielle avec 30,7%, et l'alliance anti-Erdogan formée par plusieurs partis d'opposition pour le volet législatif du scrutin récolte près de 34% après comptage de plus de la moitié des votes, d'après les résultats partiels publiés par Anadolu.
Lors de ce scrutin, l'opposition avait en effet fait le choix inédit du front commun. Le 2 mai 2018, le Parti républicain du peuple (social-démocrate) de Muharrem Ince, le Parti de la félicité (dont l'AKP est issu après une scission survenue en 2002), le Parti démocrate (conservateur) et le Bon parti (nationaliste laïc) nouvellement créé, annonçaient en effet la constitution d'une coalition pour les législatives : l'Alliance de la nation.
L'opposition conteste
Le principal parti d'opposition, le CHP (social-démocrate), a pour sa part contesté les résultats publiés par l'agence de presse publique, affirmant que selon son propre décompte des voix, le président sortant avait obtenu moins de 50% des suffrages et qu'un second tour était dès lors inévitable.
En avançant la date des élections de manière relativement inattendue, le président turc, élu une première fois en 2014, espérait prendre ses adversaires de court et ainsi favoriser sa formation politique au pouvoir depuis 2002, le Parti de la justice et du développement (AKP).
En outre, le scrutin ayant eu lieu 16 mois avant le terme du mandat de Recep Tayyip Erdogan, à sa demande, c'est la première fois que l'élection présidentielle et les élections législatives ont eu lieu simultanément. Les Turcs ont donc également élu leurs députés.
Ce double scrutin était particulièrement crucial. Il marque en effet le passage du système parlementaire en vigueur à un régime présidentiel où le chef de l'Etat concentre la totalité du pouvoir exécutif.
Recep Tayyip Erdogan affirme qu'une telle mesure était nécessaire pour assurer la stabilité au sommet de l'Etat. Ses opposants, eux, l'accusent de vouloir monopoliser le pouvoir avec cette transformation.
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