Dans un tweet sans équivoque, Michael Hayden, ancien chef des agences de renseignement Central intelligence agency (CIA) et National security agency (NSA) a comparé la politique d'immigration de Donald Trump à celle de l'Allemagne d'Adolf Hitler. Dans un message sur Twitter accompagné d'une photo en noir et blanc de l'entrée du camp de concentration d'Auschwitz, Michael Hyden a écrit : «D’autres gouvernements ont séparé les mères et les enfants».
L'administration américaine a révélé le 15 juin que sa nouvelle politique de tolérance zéro à la frontière avec le Mexique avait conduit depuis mi-avril 2 000 enfants à être séparés de leurs parents, arrêtés pour être entrés illégalement aux Etats-Unis. Les chiffres obtenus par le Département de la Sécurité intérieur et publiés par l’Associated Press montrent que 1 995 mineurs ont été séparés de 1 940 adultes entre le 19 avril et le 31 mai. Il s’agissait de séparations pour entrée illégale, violations de la loi sur l’immigration ou comportement criminel éventuel de l’adulte. La politique de tolérance zéro a été annoncée le 6 avril et la politique a été mise en œuvre en mai.
Ces révélations ont déclenché une vive polémique aux Etats-Unis et même la première dame Melania Trump est sortie de sa réserve habituelle en plaidant le 17 juin en faveur d'un accord rapide au Congrès pour adopter une réforme de l'immigration. Sa porte-parole a déclaré que Melania Trump «détest[ait] voir des enfants séparés de leur famille» et qu'elle pensait que «le pays [devait] respecter la loi mais [devait] aussi être gouverné avec cœur».
Le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Raad Al Hussein, a appelé le 18 juin le gouvernement américain à ne plus séparer les enfants des migrants illégaux à la frontière avec le Mexique, une politique qualifiée d'«inadmissible» et de «cruelle». «Penser qu'un Etat puisse chercher à dissuader des parents en infligeant de tels abus sur des enfants est inadmissible», a dénoncé Zeid Raad Al Hussein, en ouvrant une session du Conseil des droits de l'homme à Genève. «Je suis profondément préoccupé par les politiques adoptées récemment qui punissent des enfants pour les agissements de leurs parents», a dit le Haut-Commissaire dans son discours au Palais des Nations, siège de l'ONU à Genève. «J'appelle les Etats-Unis à cesser immédiatement de pratiquer la séparation forcée de ces enfants, et j'encourage le gouvernement à ratifier enfin la Convention sur les droits des enfants», a-t-il ajouté. Les Etats-Unis sont le seul pays à ne pas avoir ratifié ce texte qui protège les droits fondamentaux des enfants.
L'administration Trump se justifie en citant la Bible
Pour sa part, l'administration Trump a cité un passage de la Bible qui lui a paru opportun pour justifier la séparation des enfants de migrants. Lors d'une rencontre avec les policiers de l'Etat de l'Indiana le 14 juin, le ministre de la Justice Jeff Sessions a ainsi déclaré : «Je pourrais vous renvoyer à l'apôtre Paul et à son commandement clair et sage, dans Romains 13, qu'il faut obéir aux lois du gouvernement car Dieu les a décrétées afin d'assurer l'ordre.»
Pour ce ministre, partisan d'une politique sévère à l'égard de l'immigration, ces séparations sont une façon «d'envoyer un message» dissuasif. Avant le changement initié par Washington, les familles étaient ainsi détenues ensemble.
Jim Acosta, un journaliste de CNN, a interrogé Sarah Huckabee-Sanders, la porte-parole de la Maison Blanche sur ce sujet : «Où dans la Bible est-il écrit qu'il est moral d'enlever les enfants à leurs mères ?» La porte-parole a répondu qu'elle n'avait pas entendu le discours du ministre mais qu'il était «très biblique de faire respecter la loi».
Depuis début mai, l'administration Trump a décidé que tous les migrants passant illégalement la frontière avec le Mexique seraient arrêtés, qu'ils soient accompagnés de mineurs ou pas. Les enfants ne pouvant pas être envoyés dans la prison où sont détenus leurs proches, ils en sont donc séparés.
L'attaque étant la meilleure défense, le président américain Donald Trump a réagi à sa manière sur son compte Twitter au tollé déclenché par cette situation : «Les démocrates forcent l'éclatement des familles à la frontière avec leur programme législatif horrible et cruel. Tout projet de loi sur l'immigration DOIT avoir un financement complet pour le mur, mettre fin aux saisies et remises en liberté, au [système] de visas par loterie [...] et passer à une immigration basée sur le mérite.»
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