Après être passé du G8 au G7 suite à l'exclusion de la Russie en 2014 au plus fort de la crise ukrainienne, le groupe de discussion entre puissances économiques va-t-il bientôt devenir le G6 ?
L'idée semble faire son chemin dans l'esprit d'Emmanuel Macron qui s'est montré particulièrement offensif à l'égard de Donald Trump le 7 juin, à la veille de l'ouverture du sommet qui se tient au Québec. «Peut-être que ça lui est égal aujourd’hui, au président américain, d’être isolé, mais nous ça nous est aussi égal d’être à six», a ainsi soutenu le chef d'Etat lors d'une conférence de presse au parlement à Ottawa, aux côtés du Premier ministre canadien, Justin Trudeau.
Rappelant que le Canada, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie et le Japon, formaient ensemble un plus gros marché que les États-Unis, il a appelé à résister à «l’hégémonie brutale» que souhaite imposer Donald Trump et à ne pas se «désagréger».
Dans la ligne de mire du président français, se trouve notamment la décision de son homologue américain d'imposer des taxes douanières sur l'acier et l'aluminium vendus par ses plus proches alliés. «Je voudrais dire à monsieur Trump que ces mesures sont contreproductives. Il ne faut pas s'engager dans une guerre commerciale contre des amis», a-t-il déclaré, qualifiant la décision américaine «d'unilatérale et d'illégale».
Communiqué commun improbable
Si la question des accords commerciaux sera centrale lors de ce sommet, Donald Trump ayant prévenu qu'il se rendait au Canada pour «combattre les pires accords jamais passés», les dissensions entre Washington et ses alliés seront criantes sur d'autres sujets. Ainsi, Emmanuel Macron a fait savoir que les six pays, Japon compris, ne seraient «pas prêts à renoncer à tout» pour avoir la signature du président américain sur un communiqué commun.
«Nous ne serons pas prêts à accepter un communiqué collectif qui ne mentionnerait pas l’accord de Paris», a expliqué la présidence française à l'issue de l'entretien entre Emmanuel Macron et Justin Trudeau, rendant de fait très improbable une déclaration commune, Donald Trump s'étant retiré de cet accord l'année dernière.
Autre interdit sur l’Iran, la présidence ayant prévenu qu'il était hors de question d'accepter une déclaration condamnant l’accord nucléaire, disant qu’il serait caduc ou encore que l’Iran ne respecterait pas ses obligations. Sur cette question le président français a d'ailleurs demandé à Washington, qui s'est récemment retiré de l'accord, de ne pas chercher à empêcher les autres pays d'essayer de le maintenir. «Si vous n'êtes pas à l'aise avec l'accord [sur l'Iran] signé par votre prédécesseur, n'empêchez pas les autres de le conserver et ne poussez pas l'Iran à en sortir», a-t-il déclaré, assurant que cet accord était «la meilleure solution», tout en réitérant sa volonté de parvenir à un «accord plus large».
Quoi qu'il en soit, pour le président français ces désaccords majeurs doivent être considérée dans une vision à plus long terme. Il a ainsi laissé entendre à son homologue américain qu'il ne fallait pas oublier que les relations entre leurs pays survivraient à leur règne respectif : «Nul d’entre nous n’est éternel.»
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