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Kurz au côté de Poutine : «Il est bien mieux d'avoir des bénéfices mutuels que des pertes mutuelles»

En déplacement en Autriche, le président russe Vladimir Poutine a tenu une conférence de presse avec le chancelier autrichien Sebastian Kurz. Défavorable aux sanctions européennes contre Moscou, Vienne se présente comme un «pont entre les nations».

Le président russe Vladimir Poutine, en visite officielle en Autriche, a rencontré le chancelier autrichien Sebastian Kurz ce 5 juin dans la capitale Vienne.

«Même en ces temps difficiles, nous avons réussi à maintenir notre coopération, qu’elle soit politique ou économique», a déclaré le chancelier autrichien en ouverture de la conférence de presse.

L'Autriche a réitéré sa volonté, à contre-courant du climat tendu entre Bruxelles et Moscou, de retrouver une forme de coopération entre les deux pays.

«Nous avons observé une augmentation des échanges entre nos deux pays : l’an dernier, ils ont augmenté de 40,5% et ils continuent de croître», a poursuivi Vladimir Poutine. L'Autriche a également souligné sa volonté de faire bouger les lignes au sein de l'Union européenne (UE) concernant les sanctions contre la Russie : «L’Autriche va participer activement à l'évolution de la position de l’UE. Nous espérons que grâce à un dialogue plus intense, nous pourrons avoir des progrès dans les relations entre l’UE et la Russie.»

«Il est bien mieux d'avoir des bénéfices mutuels que des pertes mutuelles», a aussi précisé Sebastien Kurz qui a insisté sur le rôle international de la Russie : «La Russie, en tant que superpuissance, a une importance dans la résolution des conflits en Syrie ou à l’Est de l’Ukraine et porte une grande responsabilité. Nous espérons qu’elle va contribuer […] à la paix.»

Poutine plaide contre les sanctions

Lors d'une précédente conférence de presse le même jour avec son homologue autrichien Alexander Van der Bellen, Vladimir Poutine a déclaré : «Les sanctions et toutes les restrictions politiquement motivées, le protectionnisme [...] ne sont pas bons pour régler des questions politiques.»

«Elles sont nuisibles à tous, à ceux qui les met en place comme à ceux qu'elles visent [...] Tout le monde a intérêt à ce que ces sanctions soient levées. Nous aussi», a encore poursuivi le président russe, qui s'est dit prêt à «coopérer» avec ses «amis européens».

En fonction depuis le 18 décembre 2017, le chancelier conservateur autrichien a de tout temps promu un dialogue avec le président russe et manifesté son souhait d'améliorer les relations russo-européennes. Il avait déjà rencontré Vladimir Poutine au cours d'une visite officielle à Moscou fin février 2018.

Sebastian Kurz a également récemment fait valoir une position de neutralité dans l'affaire de l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripal, en refusant d'expulser des diplomates russes, contrairement à 14 autres pays de l'Union européenne. Le jeune chancelier (31 ans) avait expliqué le 4 avril dernier au cours d'une interview sur la chaîne de télévision autrichienne Puls 4 : «Nous entretenons actuellement de bonnes relations avec la Russie. Nous sommes un pays neutre et nous accueillons les quartiers généraux de nombreuses organisations internationales, telles que l'ONU ou l'OSCE. Des centaines de diplomates viennent chez nous pour pouvoir s'entretenir en terrain neutre. C'est pourquoi nous pouvons développer ce rôle de pont entre les nations.»

Le président russe Vladimir Poutine a accordé un entretien à la télévision publique autrichienne ORFA, diffusé la veille de son déplacement dans le pays. A la question du journaliste qui souhaitait savoir si sa visite en Autriche était une occasion pour la Russie d’inciter le gouvernement autrichien à mener «une politique bienveillante» à l’égard de Moscou après l’affaire Skripal, Vladimir Poutine a estimé qu’un «Etat européen aussi respecté que l'Autriche», n’avait pas «besoin d’incitations».

Il a par ailleurs fait savoir que Moscou était disposé à renforcer la coopération avec les pays européens «qui déclarent publiquement qu'ils sont prêts et disposés à coopérer [avec la Russie]».