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Poutine : la Russie ne cherche pas à «diviser» l'UE, son principal partenaire commercial

Dans une interview diffusée à la veille d'un déplacement à Vienne où il aura à cœur de défendre l'amélioration des relations avec le Vieux continent malgré les sanctions, le dirigeant russe a souligné l'importance de la stabilité de l'UE pour Moscou.

Attendu à Vienne le 5 juin, où il doit rencontrer le chef de l'Etat autrichien Alexander Van der Bellen et le chancelier Sebastian Kurz, le président russe a accordé une interview à la télévision publique autrichienne ORF, diffusée à la veille de son voyage.

Soulignant privilégier la stabilité sur le continent européen pour le bien des échanges commerciaux, Vladimir Poutine a une nouvelle fois balayé d’un revers de main le procès d’intention des pays accusant la Russie de s'ingérer dans leurs affaires, notamment en tissant des relations avec des partis souverainistes.

«Ce n'est pas notre but de diviser qui que ce soit en Europe. Au contraire, nous voulons une Union européenne unie et prospère, car l'Union européenne est notre plus grand partenaire commercial et économique. Plus il y a de problèmes au sein de l'Union européenne, plus grands sont les risques et les incertitudes pour nous», a-t-il déclaré, déplorant que les échanges commerciaux entre Moscou et les pays européens aient pratiquement diminué de moitié en quelques années.

Nous devons renforcer la coopération avec l'Union européenne

«Pourquoi ébranler l'Union européenne afin de subir de nouvelles pertes et engager des coûts ou perdre de potentiels bénéfices d'une coopération avec l'Union européenne ?» s’est-il interrogé. «Au contraire, nous devons renforcer la coopération avec l'Union européenne» a-t-il affirmé soulignant au passage que la Russie détenait 40% de ses réserves d'or et de ses devises en euros.

Par ailleurs, le président russe a souligné que Moscou était disposé à renforcer la coopération avec les pays européens «qui déclarent publiquement qu'ils sont prêts et disposés à coopérer» avec la Russie. «C'est la seule raison pour laquelle nos partis politiques, groupes et mouvements ont des contacts au niveau politique et au niveau des partis avec certaines formations européennes, et non par volonté de déstabiliser ou de fomenter quelque chose contre l'Union européenne», a par ailleurs assuré le chef d’Etat.

L'Autriche est notre partenaire traditionnel et fiable en Europe

A la question du journaliste qui souhaitait savoir si sa visite en Autriche était une occasion pour la Russie d’inciter le gouvernement autrichien à mener «une politique bienveillante» à l’égard de Moscou après l’affaire Skripal, Vladimir Poutine a estimé qu’un «Etat européen aussi respecté que l'Autriche», n’avait pas «besoin d’incitations». 

Et de poursuivre : «Nous avons depuis longtemps entretenu de bonnes et profondes relations avec l'Autriche. L'Autriche est notre partenaire traditionnel et fiable en Europe. Malgré toutes les complications au cours des années, notre dialogue dans le domaine de la politique, de la sécurité et de l'économie n'a jamais été interrompu […] Nous respectons la position de l'Autriche et son statut neutre. La Russie, bien sûr, est l'un des garants de ce statut.»

Nos arguments ne sont pas pris en compte et personne dans la commission ne souhaite nous entendre

Interrogé sur les accusations dirigées contre la Russie au sujet de la catastrophe du vol MH17 abattu par un missile au-dessus de l'Ukraine en 2014, Vladimir Poutine a rappelé que de nombreuses armes de confection russe étaient utilisées par l'armée ukrainienne, les bataillons de volontaires ukrainiens, ou encore les milices du Donbass.

Par ailleurs, il a déploré que les experts russes n’aient pas eu la possibilité d’accéder aux éléments de l’enquête contrairement à la partie ukrainienne : «Nos arguments ne sont pas pris en compte et personne dans la commission [d’enquête] ne souhaite nous entendre.»

«Si nous voulons vraiment aller au fond des choses dans cet événement horrible et révéler tous les facteurs qui nous permettraient de tirer une conclusion définitive, tous les arguments devraient être pris en compte, y compris ceux proposés par la Russie» a-t-il insisté.