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Irak : la Française Mélina Boughedir condamnée à la perpétuité pour appartenance à Daesh

Mélina Boughedir comparaissait ce 3 juin pour terrorisme en Irak, au cours d'un nouveau procès provoqué par des «pressions» de Paris, selon l'un de ses avocats. En février, la même cour pénale avait ordonné sa libération et son expulsion.

La Française Mélina Boughedir a été condamnée ce 3 juin par un tribunal irakien à la prison à perpétuité pour appartenance au groupe djihadiste Etat islamique. «Je suis innocente», a-t-elle lancé au juge en français, tandis qu'un traducteur l'assistait. «Mon mari m'a dupée et ensuite il a menacé de partir avec les enfants», a-t-elle plaidé.

Paris respecte «la souveraineté des juridictions irakiennes»

Après l'annonce, le ministère français des Affaires étrangères a déclaré à l'AFP : «Nous notons que la procédure judiciaire n'est pas achevée et suivra son cours [...] La France continuera de respecter la souveraineté des juridictions irakiennes et le déroulement indépendant des procédures judiciaires.»

En février, la même cour pénale centrale de Bagdad avait ordonné la libération et l'expulsion de la jeune femme de 27 ans, mère de quatre enfants, dont trois ont déjà été rapatriés en France. Les juges avaient estimé qu'elle n'avait à répondre que d'«entrée illégale» en Irak et avaient prononcé une peine de sept mois, alors déjà purgée.

Par la suite, la Cour de cassation irakienne a ordonné un nouveau procès, cette fois-ci en vertu de la loi antiterroriste, qui prévoit la peine de mort pour appartenance à un groupe terroriste, que l'accusé ait combattu ou non.

Il existe de «lourdes interrogations sur les pressions qui auraient été exercées par la France pour provoquer un nouveau procès», avait affirmé à l'AFP en amont du nouveau procès William Bourdon, avocat parisien de Mélina Boughedir, qui a fait le déplacement à Bagdad.

En tout état de cause, le 31 mai, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian, avait décrit Mélina Boughedir comme une «terroriste de Daesh qui a combattu contre l'Irak». Il avait appelé ce pays à la juger, tout en réitérant son refus de la voir condamnée à mort.

«La justice irakienne est légitime à juger»

Après la condamnation à perpétuité de Mélina Boughedir, ce 3 juin, Christophe Castaner a déclaré : «La justice irakienne est légitime à juger, elle a pris sa décision». Interrogé lors du Grand Rendez-vous sur Europe 1 et CNews sur cette peine et si elle était «méritée», le secrétaire d'Etat français aux relations avec le Parlement et délégué général de La République en marche (LREM) a fait savoir qu'il ne «pouvait pas dire ça», car il ne disposait «pas des éléments du dossier». «Mais je fais confiance à la justice irakienne», a-t-il ajouté.

A propos d'un éventuel retour en France de la condamnée pour qu'elle y purge sa peine, Christophe Castaner a considéré qu' il existait «des procédures», mais qu'elles seraient «longues».

La famille et la défense de Mélina Boughedir plaident pour qu'elle rentre en France où «un juge d'instruction a signifié par un mandat d'arrêt qu'il souhaitait la voir dans son bureau», d'après William Bourdon.

En France, la jeune femme est visée par un mandat de recherche délivré dans le cadre d'une information judiciaire ouverte à Paris le 2 août 2016, pour «association de malfaiteurs terroriste criminelle», selon une source judiciaire. 

Elle a été arrêtée durant l'été 2017 à Mossoul, ancienne «capitale» irakienne de l'Etat islamique, alors que son mari, lui aussi français, passe pour mort.

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