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Incarner un tueur de masse dans une école : un jeu-vidéo scandalise l'opinion aux Etats-Unis

Un nouveau jeu vidéo, Activ Shooter, permettait de se mettre dans la peau de celui qui est à l'origine d'une fusillade dans une école. Mais le scandale qu'il a suscité a provoqué l'annulation de sa sortie sur une plateforme de vente américaine.

Le développeur de Seattle Ata Berdiyev a été mal inspiré en créant Active Shooter, un jeu vidéo de simulation de massacre à l’école qui proposait au joueur d'endosser le rôle d'un tueur de masse. Face au scandale grandissant, Steam, sa plateforme américaine de vente qui devait le lancer le 6 juin, l’a supprimé de son offre. Active Shooter est mort-né.

Stéphanie Robinett, une mère de famille ayant milité contre le jeu, s'est réjouie de sa victoire sur Twitter : «Nous pouvons changer les choses en se faisant entendre.»

Active shooter permettait de s'identifier à un membre du SWAT, les unités d'élite américaines, et de venir mettre fin au carnage dans un établissement. Mais il offrait aussi la possibilité de se mettre dans la peau du tireur. Après la fusillade qui a fait 10 morts le 18 mai dans un lycée au Texas, l'existence de ce jeu de mauvais goût a provoqué une immense colère aux Etats-Unis. Les proches des victimes de ce type de massacres ont fait campagne et se sont exprimés, comme Ryan Petty, père d’une adolescente de 14 ans tuée dans la fusillade de février 2018 en Floride qui avait fait 17 morts. L'homme en deuil a jugé ce type de jeux «inacceptable». 

Stéphanie Robinett avait lancé une pétition qui a recueilli plus de 200 000 signatures pour faire interdire le jeu. 

Confronté à l’opprobre, Steam a retiré Active Shooter de son catalogue sous un curieux prétexte : il a annoncé qu'il cessait sa collaboration à cause de la malhonnêteté du créateur du jeu et du développeur Revived Games, sans mentionner la violence du sujet. Il avait jusqu'ici tenté de minimiser l'outrage en accompagnant la page du jeu du commentaire suivant : «Ne prenez rien de ceci au sérieux. C'est juste de la simulation et rien d'autre.»

ACID, l’éditeur russe du jeu, avait déclaré reconsidérer le personnage du tueur, sans toutefois le désavouer. Dans un communiqué, il avait déclaré : «Après avoir reçu tant de critiques et de haine, je souhaiterais retirer le rôle du tireur dans ce jeu au moment de la sortie, sauf s'il peut être conservé tel qu'il est.»

Le créateur indélicat s’est paradoxalement inspiré d’un programme vidéo interactif développé par l’armée américaine et le département de la sécurité intérieure fin 2017, pour entraîner les professeurs et autres personnels scolaires à réagir en cas de tuerie de masse. 

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