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Pour Georges Soros, l'Union européenne est en «temps de guerre»

A l'occasion de la réunion de l'European Council on Foreign Relations à Paris, le milliardaire hongrois a vivement critiqué la politique d'austérité européenne. Pour lui, mieux vaut laisser filer les déficits, comme en temps de guerre.

Le milliardaire d'origine hongroise George Soros était à Paris ce 29 mai pour livrer son analyse de l'avenir de l'Union européenne, à l'occasion de la réunion annuelle du Conseil européen des relations internationales.

Appelé anglais «European Council on Foreign Affairs» (ECFR), ce think tank, créé en 2007, est une émanation de l'influent et néoconservateur Council on Foreign Affairs (CFR), basé à New York. Et le fondateur de l'ONG Open Society Foundations (OSF), qui chapeaute une myriade d'autres organisations dotées de fonds colossaux et très actives dans le domaine du lobbying politique et sociétal, ne s'est pas montré très optimiste.

L'Union européenne traverse une crise existentielle

«Tout ce qui pouvait se passer mal s'est passé mal», a-t-il déploré lors d'un discours intitulé : «Comment sauver l'Europe ?» «A travers l'histoire, les dettes nationales ont toujours crû en temps de guerre. Classiquement, augmenter la dette va à l'encontre de cette addiction à l'austérité qui prévaut [aujourd'hui]», a-t-il argumenté, faisant référence à la politique monétaire restrictive de la Banque centrale européenne. «Quand cette capacité peut-elle être utilisée, si ce n'est en temps de guerre ?», s'est interrogé le milliardaire né à Budapest en 1930, alors que plusieurs éléments tendent à démontrer l'ingérence politique d'OSF dans les processus démocratiques de nombreux pays, dont la France et la Russie. Et d'ajouter : «L'Union européenne traverse une crise existentielle.»

Quant aux solutions concrètes, Georges Soros s'est montré plus évasif. «L'UE doit se transformer en une association que des pays comme la Grande-Bretagne voudraient rejoindre», a-t-il ainsi préconisé.

Les inquiétudes de George Soros ne sont toutefois pas inédites. En janvier 2018 l'américano-hongrois s'alarmait de l'échec de son réseau d'influence, notamment ses ONG pro-UE ou pro-migrants. «L'idéologie dominante dans le monde est aujourd'hui le nationalisme [...] C'est l'Union européenne qui est sur le point de s'effondrer», déplorait-il dans une interview accordée au Financial Times.

En matière d'économie mondiale, Georges Soros prophétise également une catastrophe depuis un certain temps. Il y a deux ans, en juin 2016, à quelques jours du référendum sur la sortie du Royaume Uni de l'Union européenne, l'activiste milliardaire prédisait déjà une apocalypse économique, évoquant un effondrement de la monnaie britannique, la livre. Un sujet qu'il connaît bien puisqu'il doit sa réputation de gourou des marchés notamment à une intense et fructueuse spéculation contre la livre sterling en 1992.

Alexandre Keller

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