«Le président de la République [italienne], Sergio Mattarella, a reçu cet après-midi [le 23 mai] le professeur Giuseppe Conte, auquel il a donné le mandat de former le gouvernement», a annoncé à la presse le secrétaire général de la présidence, Ugo Zampetti.
Après s'être entretenu avec le président, Giuseppe Conte a annoncé vouloir «confirmer la place de l'Italie en Europe et dans le monde». «Mon intention est de donner vie à un gouvernement qui soit du côté des citoyens, qui garantisse leurs intérêts», a poursuivi ce novice en politique.
Il a ajouté : «Je me prépare maintenant à défendre les intérêts de tous les Italiens devant toutes les instances européennes et internationales, en dialoguant avec les institutions européennes et les représentants des autres pays. Je veux être l'avocat qui défendra le peuple italien.»
A l'issue de leurs négociations, le parti eurosceptique et anti-immigration la Ligue et le Mouvement 5 étoiles (M5S), une formation antisystème, avaient décidé de proposer à Giuseppe Conte de former et de diriger le nouveau gouvernement italien. Celui-ci a notamment participé au programme commun entre les deux formations, qui tourne résolument le dos à l'austérité et réclame une renégociation des traités européens.
Agé de 54 ans, Giuseppe Conte est un juriste universitaire, spécialiste de droit civil et administratif, peu connu du grand public. Proche du M5S, dont il ne fait toutefois pas partie, il avait été présenté par ce mouvement, avant les élections du 4 mars, comme possible ministre chargé de «débureaucratiser» la fonction publique.
Inquiétudes à Bruxelles
Avant même la nomination de Giuseppe Conte, le futur gouvernement avait fait l'objet de nombreux avertissements.
Ainsi, dans le «code éthique» de la coalition gouvernementale qui avait été dévoilé le 18 mai, on apprenait entre autres que les francs-maçons étaient bannis du gouvernement. Le Grand Orient d'Italie n'avait pas manqué de réagir dénonçant une clause «contraire aux principes constitutionnels» et de poursuivre dans un communiqué : «Ceux qui pensent utiliser à des fins politiques une campagne contre les francs-maçons pour les empêcher d'exercer leurs droits élémentaires, commettent un abus et devront en assumer la responsabilité.»
Le 20 mai, sur un tout autre sujet, le ministre français de l'Economie et des Finances, Bruno le Maire, mettait lui aussi en garde le futur gouvernement, s'inquiétant pour «la stabilité financière de la zone euro», au vu de l'orientation économique annoncée par la Ligue et le M5S.
Le 4 mars 2018, la coalition de centre droit menée par Matteo Salvini (secrétaire fédéral de la Ligue), ainsi que le M5S représenté par Luigi Di Maio, remportaient les élections générales italiennes avec respectivement 37% et 32,7% des suffrages, prenant à revers les sondages élaborés à l'approche du scrutin.
La Ligue, partie prenante de la coalition de centre droit (aux côtés du parti Forza Italia de Silvio Berlusconi), et le Mouvement 5 étoiles ont notamment en commun un rejet des forces politiques traditionnelles et des promesses en matière de retraites et de lutte contre l'immigration.