International

Venezuela : une présidentielle sous haute pression américaine

L'élection présidentielle vénézuélienne, pour laquelle Nicolas Maduro fait figure de favori à sa propre succession, se tient le 20 mai, dans un contexte de fortes pressions internationales, particulièrement en provenance de Washington.

Le timing ne doit évidemment rien au hasard : le 18 mai, à 48 heures de la présidentielle, les Etats-Unis ont annoncé de nouvelles sanctions contre le numéro deux du pouvoir vénézuélien, Diosdado Cabello.

Washington, qui accuse ce haut responsable de corruption et de trafic de drogue, a souligné dans un communiqué sa détermination à «mettre un coup d'arrêt à ceux qui trahissent la confiance du peuple vénézuélien». Et les Etats-Unis, magnanimes, ont précisé que ces sanctions visaient à «soutenir les efforts du peuple vénézuélien à restaurer leur démocratie».

Diosdado Cabello a balayé les accusations à son encontre d'un revers de la main, se disant «persécuté» par «l'impérialisme» américain qu'il accuse de vouloir fragiliser le président Nicolas Maduro avant les élections du 20 mai. L'héritier d'Hugo Chavez, favori à sa propre succession, est un ennemi de longue date des Etats-Unis, qui ne cachent pas leur volonté de voir un changement de régime à Caracas. Et ce nouvel épisode s'inscrit dans une longue série de mesures prises en ce sens.

Sanctions et menaces

La pression internationale contre Nicolas Maduro s'est en effet subitement accrue en août dernier, après une vague de manifestations marquée par des violences, à cause de la grave crise économique que traverse le pays. Les Etats-Unis ont saisi l'occasion pour adopter plusieurs trains de sanctions financières contre le Vénézuéla, et Donald Trump est même allé jusqu'à entretenir l'idée d'une intervention militaire. Suivant les traces de Washington, Emmanuel Macron avait qualifié l'Etat sud-américain de «dictature», et 12 pays d'Amérique du sud avaient condamné «une rupture de l'ordre démocratique».

Dès lors, la pression n'est plus retombée contre Nicolas Maduro et son gouvernement : début 2018, l'Union européenne a adopté des sanctions contre Caracas, qui visaient des proches du président vénézuélien, dont déjà Diosdado Cabello. Quelques jours plus tard, le président français a fait savoir qu'il souhaitait que l'UE renforce ses sanctions contre le Venezuela, dont il a dénoncé la «dérive autoritaire».

C'est dans ce contexte que Nicolas Maduro a annoncé fin janvier la tenue d'élections anticipées, qui pourrait légitimer son pouvoir au yeux du monde. «Si le monde veut nous infliger des sanctions, nous allons organiser des élections [...] Des pouvoirs impériaux et sans légitimité ont déclenché une campagne systématique de haine contre le Venezuela», notait alors Diosdado Cabello.

Des élections pour asseoir sa légitimité quand celle-ci est remise en cause : l'idée semble cohérent, mais pas pour Washington. Le vice-président américain Mike Pence a demandé le 8 mai au nom des Etats-Unis le report de la présidentielle vénézuélienne, qualifiant l'élection d'«escroquerie» et de «mascarade». Une sortie qui laisse présager de la réaction de Washington aux résultats si Nicolas Maduro venait à l'emporter.

Lire aussi : Donald Trump veut tuer dans l’œuf le petro, la crypto-monnaie vénézuélienne