Depuis plusieurs mois, les pratiques du réseau social Twitter, qui s'efforce de manière plus ou moins assumée de limiter l'influence de certains utilisateurs au discours politiquement incorrect sur sa plateforme, interpellent.
La nouvelle disposition annoncée par le groupe le 15 mai ne va pas aller en rassurant les défenseurs de la liberté d'expression. Le réseau social a en effet décidé de se lancer dans une vaste entreprise de lutte contre ce qu'il considère être des «trolls».
Ainsi, Twitter explique avoir décidé désormais de masquer dans les fils de discussion les messages qui, sans pour autant violer ses conditions d'utilisation, «nuisent à la conversation». Pour y avoir accès, il sera nécessaire de défiler vers le bas de la conversation et de cliquer sur «Afficher plus de réponses», ou bien de choisir dans les paramètres de recherche l'option «Voir tout».
L'entreprise compterait même aller plus loin, selon le site Slate, puisque tous les contenus publiés par un utilisateur dont un message aurait été considéré comme «nuisible» devraient être masqués. Ils ne devraient plus apparaître dans les résultats de recherche, ni dans les conversations publiques, tant que la réputation de leur auteur ne se serait pas améliorée.
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Un retour dans les bonnes grâces du réseau social d'autant plus complexe qu'aucun système n'est à l'heure actuelle prévu pour notifier à l'utilisateur en question qu'il est victime de ce traitement, et qu'il lui est donc très difficile de le savoir. Ses messages étant toujours visibles par lui-même et ses abonnés, le «troll» pourrait en effet ne jamais se rendre compte qu'il a été coupé du reste du monde virtuel.
Une charte des droits sur internet ?
Twitter, qui reconnait avoir encore du «travail» sur la question, assure que cette nouvelle approche a permis selon les premiers tests de réduire de 8% les signalements d'abus dans les fils de conversation et de 4% dans la recherche. «Cela signifie que moins de personnes voient des tweets qui perturbent leur expérience sur Twitter», s'est félicité l'entreprise. Aucun commentaire n'a en revanche été fait quant aux risques de mettre au ban un utilisateur qui ne le mériterait pas, l'entreprise admettant simplement «qu'il y [aurait] des faux positifs».
Pourtant, à mesure que les cas de censure, directe ou indirecte, se multiplient sur les réseaux sociaux, la question de la liberté d'expression se retrouve de plus en plus souvent au centre des préoccupations des utilisateurs. A tel point qu'aux Etats-Unis, un mouvement de défense des droits sur internet est en pleine gestation. Le lendemain de l'annonce de Twitter, des internautes ont d'ailleurs relancé l'idée d'une charte consacrée au sujet (Internet bill of rights), soumettant, comme ils l'avaient déjà fait en mars, une pétition sur le site de la Maison-Blanche pour que des dispositions soient prises en ce sens.