L'organisation américaine Project Veritas, qui se donne pour mission de révéler des scandales à l'aide d'une caméra cachée, a fait de nouvelles victimes un peu trop bavardes. Ignorant qu'il étaient filmés, huit employés de Twitter ont admis qu'ils censuraient les comptes de certains utilisateurs jugés politiquement incorrects. La pratique est connue sous le nom, en anglais, de shadow ban, qui peut se traduire comme «bannissement secret». L'un des anciens salariés piégés, Abhinav Vadrevu, en témoigne à son insu le 3 janvier 2018. «L’idée est de bannir quelqu’un du réseau sans qu'il ne le sache puisqu'il peut toujours publier du contenu sauf que personne ne peut le voir. Il pense alors simplement qu'il n'intéresse personne, alors que personne ne s'aperçoit qu'il a posté quelque chose», explique-t-il.
Un autre des employés de Twitter piégés par Project Veritas, Mo Norai, ex-modérateur, précise quel contenu est visé. «Prenons par exemple un tweet pro-Trump et que je suis anti-Trump, je peux bloquer tout le compte», détaille-t-il sans ambage, poursuivant : «C'était selon ton point de vue, à ta discrétion. En fonction de ton opinion.» «Oh, ce n'était pas automatisé ?», s'interroge alors le journaliste, toujours en caméra cachée. «Non, si un utilisateur [signalant un tweet] dit : "C'est pro-Trump, je n'en veux pas, ça m'offense"[...] que je bloque le compte et que l'employé [chez Twitter] n'aime pas non plus, il va dire : "Mo a raison, allons-y"».
Pour Russell Verney, directeur de Project Veritas, ces témoignages accablants attestent que Twitter n'est pas aussi ouvert qu'il le prétend. «Nous donnons beaucoup à ces [réseaux sociaux] qui s'expriment publiquement pour dire qu'ils sont les forums de la liberté d'expression. Et pourtant, ils censurent [cette même] liberté», a-t-il confié à RT.