La France a haussé le ton vis-à-vis de Téhéran ce 10 mai, après des tirs de roquettes attribués par Israël à la brigade iranienne al-Qods sur des positions israéliennes au Golan, qui ont entraîné de nombreux tirs de représailles de Tsahal en Syrie.
Tout en rappelant dans un communiqué «son attachement indéfectible à la sécurité d'Israël», la porte-parole du ministère français des Affaires étrangères a en effet demandé à l'Iran de s'abstenir de toute «provocation militaire», l'alertant contre toute tentation d'hégémonie régionale.
Une mise garde qui vise un but bien précis, dont la diplomatie française ne fait pas mystère : «Que s'ouvre une négociation avec l'Iran dans un cadre plus large incluant ses activités nucléaires et son programme balistique ainsi que la solution des crises dans la région.» Autrement dit, Paris saisit cette occasion pour mettre la pression sur Téhéran et le pousser à accepter un «accord plus large», dépassant le cadre actuel de l'accord sur le nucléaire. Une idée que défend le président français Emmanuel Macron depuis plusieurs semaines, y compris depuis l'annonce du retrait américain de l'accord actuellement en vigueur.
Si elle est encore loin de celle de Washington, la position de Paris, qui avait dans un premier temps insisté sur la nécessité d'une «désescalade», évolue ainsi subtilement. La mention d'une renégociation de l'accord iranien l'éloigne ainsi sensiblement de celle de Moscou : le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Riabkov et son homologue iranien Abbas Araghchi, qui se rencontraient à Téhéran ce 10 mai, ont souligné leur «attachement à la sauvegarde de l'accord». Des termes différents de ceux employés par Paris puisqu'ils ne laissent présager aucune volonté de renégociation. Et face au face au changement d'attitude de certains signataires, les deux diplomates ont affiché leur intention de poursuivre une «étroite collaboration» sur l'accord.