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Affaire Skripal : le président tchèque affirme que son pays a produit un type de «novitchok»

Le président de la République tchèque Milos Zeman a confirmé que son pays avait développé un agent innervant de type «novitchok» en petite quantité. Une déclaration qui prouve que Londres ment sur cette question, selon la diplomatie russe.

Dans une intervention qui n'est pas passée inaperçue, particulièrement du côté de la diplomatie russe, le président tchèque Milos Zeman a reconnu le 3 mai que son pays avait bel et bien produit et testé un agent innervant de type «novitchok» en 2017.

Le chef d'Etat se fonde sur un rapport des services de renseignement de son pays, selon lequel l'agent innervant A-230 produit par l'Institut de recherche militaire tchèque de la ville de Brno était en fait le «novitchok».

«Il faut en conclure que notre pays a produit et testé le "Novitchok", même si [il a été produit] seulement en petites quantités puis détruit», a ainsi déclaré Milos Zeman dans une intervention télévisée sur la chaîne Barrandov le 3 mai. «Il serait hypocrite de prétendre le contraire, il n'y a pas besoin de mentir», a-t-il poursuivi.

Les conclusions de ce rapport militaire sont cependant contestées par les Services de sécurité tchèques, pour qui l'A-230 ne peut pas être considéré comme étant de la famille du «novitchok» et s'apparenterait à une autre substance. Mais après avoir étudié ces deux conclusions, le président tchèque a préféré trancher en faveur du rapport militaire, et l'a donc officiellement fait savoir.

Zakharova : «Les mensonges du gouvernement de Theresa May deviennent clairs»

Cette conclusion n'a pas surpris Moscou, qui avait fait savoir dès mars que la substance pouvait provenir de République Tchèque, de Slovaquie, de Suède et même du Royaume-Uni. Elle affaiblit par contre sensiblement la position de Londres, qui considère que le «novitchok» utilisé dans l'empoisonnement de l'ex-agent double Sergueï Skripal étant d'origine soviétique, la Russie en est forcément responsable.

«Le brouillard se dissipe et les multiples mensonges du gouvernement de Theresa May deviennent clairs», a lancé la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova dans un message au vitriol sur Facebook publié le 3 mai. «Le troisième mensonge du gouvernement de Theresa May est que l'agent neurotoxique "novitchok" aurait été produit uniquement en Russie. Cette allégation a été réfutée par le président de la République tchèque», a-t-elle fait valoir.

Avant cela, Maria Zakharova avait rappelé les autres errements de la diplomatie britannique sur la question, et notamment ceux du ministre des Affaires étrangères Boris Johnson. Ce dernier avait en effet affirmé face à la presse fin mars que le laboratoire Porton Down, qui a étudié la substance, avait déterminé que le produit provenait de Russie. Or début avril, le directeur général du laboratoire avait expliqué que ses experts avaient identifié l'agent comme étant l'A-234 de la famille du «novitchok», tout en niant avoir été en mesure d'en identifier sa provenance.

La diplomate russe a encore qualifié de «mensonge» les allégations britanniques sur un prétendu mobile de Moscou pour empoisonner Sergueï Skripal. Maniant une rhétorique plus subtile que Boris Johnson, l'ambassadrice du Royaume-Uni auprès des Nations unies avait en effet estimé «hautement probable» que la Russie soit responsable, s'appuyant sur «le contexte» qui accuserait Moscou.

Sergueï Skripal et sa fille Ioulia ont été retrouvés sur un banc à Salisbury le 4 mars. Ils ont été hospitalisés dans un état critique après avoir été apparemment empoisonnés par l'agent neurotoxique A-234, de la famille du «novitchok». Sans jamais avoir apporté de preuves, le Royaume-Uni accuse la Russie d'avoir commandité cet empoisonnement, ce que Moscou nie avec force.

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