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Macron veut plus de «dialogue» avec la Russie, Poutine tempère : «Pas d'acte irrréfléchi» en Syrie

Les présidents français et russes se sont entretenus au téléphone ce 13 avril. Si Emmanuel Macron a affirmé qu'un contact étroit serait favorisé avec la Russie, Vladimir Poutine a toutefois mis en garde son homologue contre toute acte «irréfléchi».

D'après Reuters Vladimir Poutine et Emmanuel Macron ont évoqué au téléphone ce 13 avril les vives tensions entre la Russie et certaines puissances occidentales au sujet de la Syrie et de l'attaque chimique présumée à Douma (est de Damas) le 7 avril dernier.

Prônant le maintien du dialogue avec la Russie, le président français a donné pour instructions aux ministres des Armées et des Affaires étrangères, respectivement Florence Parly et Jean-Yves Le Drian, de rester en contact étroit, d'après l'agence Interfax, avec leurs homologues russes.

L'essentiel est de s'abstenir de toute action irréfléchie et dangereuse

De son côté, au cours de cette même conversation, Vladimir Poutine a mis en garde son homologue contre tout «acte irréfléchi et dangereux», d'après le service de presse du Kremlin. «Avant l'achèvement de l'enquête [sur les allégations de l'utilisation d'armes chimique par Damas dans la Ghouta], il est conseillé d'éviter les accusations infondées contre quiconque», a estimé le président russe. Et de poursuivre : «Mais l'essentiel est de s'abstenir de toute action irréfléchie et dangereuse, qui constituerait une violation flagrante de la Charte des Nations Unies et aurait des conséquences imprévisibles.»

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Alors que la diplomatie française peine toujours à établir une ligne claire sur le dossier syrien, Emmanuel Macron a approuvé l'envoi d'une mission d'enquête de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), dont l'annonce a été faite le 9 avril dernier.

Se montrant toutefois critique de l'action de la Russie, le président de la République Emmanuel Macron a fait part de ses regrets quant au rejet par la Russie d'un projet de résolution occidentale aux Nations unies, portée notamment par les Etats-Unis et la France le 10 avril dernier, posant les conditions d'un mécanisme d'enquête onusien sur le terrain à Douma. «[Le président a] regretté le nouveau veto russe au Conseil de sécurité qui a empêché une réponse unie et ferme [de l'ONU]», ont ainsi précisé les services de l'Elysée.

Depuis le 7 avril dernier, les Occidentaux, sur la foi d'informations données par les rebelles de Jaïch al-Islam et d'ONG comme les Casques blancs et l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) accusent Damas d'avoir utilisé des armes chimiques contre la population. Alors que, dans le même temps, la dernière poche aux mains des djihadistes dans la Ghouta, Douma, était sur le point de tomber.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a voté ce 10 avril sur trois propositions de résolution concurrentes, l'une américaine et deux russes, alors que l'Occident accuse Damas d'avoir mené une attaque chimique à Douma, dans la Ghouta orientale, en passe d'être reprise par l'armée syrienne.

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La proposition russe visant à établir un mécanisme d'enquête indépendant sur l'utilisation des armes chimiques en Syrie a alors été rejetée, n'ayant pas recueilli la majorité de neuf voix nécessaires à son adoption. Ce texte a été approuvé par six pays, dont la Chine, alors que sept se sont prononcés contre et deux ont choisi l'abstention.

Alexandre Keller

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