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Moscou doute que les déclarations attribuées à Ioulia Skripal par la police soient authentiques

L'ambassade russe a souligné les nombreuses incohérences dans les déclarations attribuées par la police britannique à Ioulia Skripal. Doutant de leur authenticité, Moscou demande à Londres de prouver que la jeune femme n'est pas privée de sa liberté.

La déclaration fournie par la police britannique au nom de Ioulia Skripal dans la soirée du 11 avril, dans laquelle elle assurerait avoir quitté l'hôpital le 9, est loin d'avoir convaincu l'ambassade de Russie au Royaume-Uni, qui a officiellement fait part de ses doutes quant à son authenticité.

«Sans possibilité de vérification, la publication faite par la police soulève de nouvelles questions plutôt qu'elle ne donne de réponses. Comme précédemment, nous souhaiterions nous assurer que le message provient de Ioulia. A l'heure actuelle, nous en doutons fortement», écrit l'ambassade dans un communiqué publié sur son site le 11 avril.

Pour l'ambassade, la déclaration attribuée à Ioulia par la police métropolitaine vise deux objectifs : soutenir les déclarations officielles des autorités britanniques, et exclure toute possibilité de contact avec le monde extérieur pour la jeune femme, que ce soit avec les consuls, les journalistes et même avec ses proches.

«Avec qui Ioulia est-elle en contact ?»

Le fait que Ioulia assurerait selon la police avoir «accès à [ses] amis et [sa] famille» mais demanderait spécifiquement à sa cousine Victoria de ne pas la contacter intrigue particulièrement l'ambassade. «Pas un seul ami ou proche cité dans les médias russes et britanniques n'ont fait état de tels contacts. Pour autant que nous sachions, les Skripal n'ont pas de parents plus proches que la cousine de Ioulia, Victoria, et leur grand-mère Elena [la mère de Sergueï], qui vivent ensemble. Dès lors une question se pose, avec qui Ioulia est-elle en contact ?», s'interroge la représentation russe.

L'ambassade trouve également «particulièrement incroyable» le passage où Ioulia déclarerait «personne ne parle pour moi», notant que cette phrase est publiée sur le site internet de Scotland Yard, et n'a pas été lue face caméra par la jeune femme. Enfin, l'ambassade estime que la déclaration de la jeune femme, notamment sur son état de santé, contredit les propos tenus dans une conversation téléphonique qu'elle aurait eu avec sa cousine Victoria, diffusée par la chaîne de télévision russe Rossiya 1.

Les autorités britanniques doivent d'urgence fournir des preuves tangibles que Ioulia va bien et qu'elle n'est pas privée de sa liberté

«Pour résumer, ce document ne fait que renforcer nos soupçons sur le fait que nous avons à faire à une isolation contrainte d'une citoyenne russe. Si les autorités britanniques veulent montrer au public que ce n'est pas le cas, elles doivent d'urgence fournir des preuves tangibles que Ioulia va bien et qu'elle n'est pas privée de sa liberté», conclut l'ambassade.

Londres accuse Moscou d'être responsable de l'empoisonnement de Sergueï Skripal, un ancien agent double, et de sa fille Ioulia. L'affaire a provoqué une grave crise diplomatique entre la Russie et les pays occidentaux, qui s'est traduite par la plus importante vague d'expulsions croisées de diplomates de l'Histoire.

Moscou, qui clame son innocence depuis le début de cette affaire, estime que sa version des faits se trouve renforcée par les déclarations du laboratoire britannique ayant analysé la substance utilisée contre l'ancien agent double. Ce dernier l'a identifiée comme étant un «Novitchok», un agent innervant de type militaire développé par l'URSS, mais a reconnu ne pas avoir de preuves qu'il proviendrait de Russie – alors même que le ministre britannique des Affaires étrangères, Boris Johnson, avait assuré quelques jours plus tôt que le laboratoire lui avait confirmé l'origine russe de la substance.

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