Alors que Washington et Paris, entre autres, tiennent le gouvernement syrien pour «responsable» de «l'horrible attaque chimique» qui serait survenue dans la Ghouta orientale le 7 avril, Moscou prévoit de déposer à l'ONU une résolution demandant une enquête à ce sujet.
«Nous déposerons aujourd'hui un projet de résolution qui exigera une enquête», a déclaré le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, ajoutant : «Nous sommes intéressés à ce que les experts indépendants de l'OIAC [l'Organisation internationale sur les armes chimiques] participent à cette enquête.»
Plus tard le même jour, le gouvernement syrien a annoncé, par la voie de l'agence Sana, qu'il invitait l'OIAC à venir enquêter.
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres s'est pour sa part dit outré par l'attaque présumée chimique en Syrie, appelant à une enquête «impartiale» donnant un accès sans entrave aux enquêteurs internationaux.
Le 7 avril, certains groupes liés aux rebelles, dont les Casques blancs, ont accusé le gouvernement syrien d'avoir mené une attaque chimique qui aurait touché des dizaines de civils dans la ville de Douma, dernier bastion des rebelles islamistes dans la Ghouta orientale, près de Damas. Avant qu'une quelconque enquête n'ait lieu, les Etats-Unis, ainsi que l'Union européenne, se sont précipités pour rejeter la responsabilité de l'incident sur Damas – et, par conséquent, Moscou.
Le gouvernement syrien a nié toute responsabilité pour cette attaque chimique supposée, dénonçant des «fabrications», ainsi qu'une «rengaine ennuyeuse et pas convaincante». De son côté, Moscou a également fermement démenti que le gouvernement syrien avait employé des armes chimiques dans le cadre de son opération militaire. Le ministre russe des Affaires étrangères avait qualifié le 8 avril ces «informations préfabriquées» d'«intox».
Au cours de ces dernières semaines, Moscou avait par ailleurs mis en garde à plusieurs reprises contre la préparation d'attaques sous faux drapeau dans la Ghouta. Ainsi le 17 mars, le général et porte-parole de l'état-major russe, Sergueï Roudsksoï, avait rapporté que la Russie disposait «d'informations fiables selon lesquelles des instructeurs américains [avaient] formé plusieurs groupes de combattants dans les environs de la ville d'Al-Tanf, pour lancer des provocations impliquant des armes chimiques dans le sud de la Syrie». Quelque jours auparavant, le 13 mars, le chef d'état-major Valery Guérassimov avait affirmé disposer d'informations selon lesquelles les djihadistes préparaient une attaque chimique dans la Ghouta orientale, pour ensuite en attribuer la responsabilité au gouvernement syrien.