Ces derniers jours, Paris et Téhéran se sont opposés par déclarations interposées de leurs ministres respectifs des Affaires étrangères. Dans un communiqué, le Quai d’Orsay a accusé le 4 mars l’Iran de mener des actions «déstabilisantes» au Moyen-Orient. Une accusation proférée la veille de la visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian à Téhéran.
Si la rencontre entre le chef de la diplomatie françaises et son homologue iranien, Mohammad Javad Zarif, devait initialement leur permettre de discuter de l’accord nucléaire de 2015, elle a été marquée par la volonté de l’Iran de récuser les accusations françaises de déstabilisation.
«Les Etats-Unis et les autres Etats qui ont transformé notre région en une poudrière en vendant des armes doivent arrêter d'agir ainsi», a déclaré le 5 mars Mohammad Javad Zarif, avant de réitérer ses accusations le lendemain : «Les États-Unis et les Européens devraient arrêter de déverser des centaines de milliards de dollars d'armes dans notre région au lieu de remettre en question les missiles iraniens.»
Les Occidentaux renvoyés à leurs propres ambiguïtés
De fait, le réquisitoire de la France contre l’Iran, s'il s'inscrit dans le cadre plus large des condamnations européennes et américaines à l'égard de Téhéran, n'offusque pas la stratégie plus qu'ambiguë des Occidentaux au Moyen-Orient, notamment en matière d'armes.
A titre d'exemple, l'ONG Conflict Armament Research publiait récemment un rapport dans lequel elle établissait que des aides militaires fournies par Washington à des rebelles syriens «modérés», afin de les épauler dans leur lutte contre le gouvernement syrien, avait permis «d'augmenter la qualité et la quantité des armes» de l'organisation terroriste Daesh.
Autre exemple : récemment, le lancement de l'opération Rameau d'olivier par Ankara a mis en lumière le double-jeu des Etats-Unis au Kurdistan syrien, alliés de la Turquie d'un côté et soutien des Kurdes de l'autre. Alors que Washington l'appelait à abréger l'intervention militaire turque à Afrin, le président turc Recep Tayyip Erdogan avait déjà renvoyé les Etats-Unis à leur engagement de longue durée en Afghanistan.
Les États-Unis, le Royaume-Uni et leurs alliés ont également vendu des armes à l'Arabie saoudite et à la coalition engagée militairement au Yémen, alors que le conflit dans ce pays a fait plus de 8 750 morts, dont de nombreux civils et qu'une épidémie de choléra a déjà touché plus d'un million de personnes, d’après le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
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