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Devant le Parlement russe réuni, Poutine trace les grandes lignes de son action future

A 17 jours de la présidentielle en Russie, le discours annuel de Vladimir Poutine devant les représentants des deux chambres du Parlement prend un relief particulier. Dans une actualité riche, le président livre ses grandes orientations.

Jeudi 1 mars

«A ceux qui essayent de booster la course aux armements, ceux qui violent les traités internationaux, ceux qui décrètent les sanctions : tout ce que vous avez essayé d'empêcher s'est produit», a lancé Vladimir Poutine.

Et de conclure son intervention ainsi : «L'air du temps favorise désormais ceux qui sont prêts à changer.»

Le président russe a expliqué que cet arsenal militaire à la pointe de la technologie était conçu pour garantir la paix dans le monde.

«Tout ce que j'ai dit aujourd'hui ce n'est pas du bluff», a prévenu Vladimir Poutine. Le président russe a fait part de son inquiétude après que les Etats-Unis se sont déclarés prêts à utiliser l'arme nucléaire même en cas d'attaque conventionnelle.

Le président a assuré que, selon la doctrine russe, Moscou n'envisageait d'utiliser son arsenal nucléaire qu'en cas d'attaque nucléaire. Et il a soutenu que toute utilisation de l'arme nucléaire contre la Russie, quelle qu'en soit la portée, entraînerait une riposte immédiate et proportionnée.

«Il ne faut pas faire de menace mais s'asseoir à la table des négociations pour discuter ensemble de la sécurité mondiale. Nous ne souhaitons que créer de relations amicales et fructueuses», a-t-il expliqué prenant l'exemple des relations entre la Russie et la Chine ou l'Inde.

Autant de systèmes qui vont contraindre les Etats-Unis a prêter une plus grande attention au point de vue russe, selon Vladimir Poutine, qui a rappelé qu'il avait personnellement prévenu Washington que la Russie travaillait sur les moyens de contrer les capacités antimissiles américaines dès 2004.

«La Russie a longtemps eu du retard, personne ne voulait parler avec nous, personne ne nous a écouté. Maintenant écoutez-nous», a-t-il déclaré, sous les applaudissements nourris de la salle. «Rien de tel n'existe chez personne dans le monde», a-t-il ajouté concernant les avancées russes en matière d'armement.

Le président russe a présenté de nombreux autres systèmes d'armes stratégiques, comme le drone sous-marin. Celui-ci n'ayant pas encore de nom, il a encouragé ceux qui l'écoutaient à à transmettre leurs propositions.

Après être sorti du traité de réduction des armements stratégiques en 2002, les Etats-Unis ont développé leur système de bouclier antimissile dans le monde, ce qui a contraint Moscou à moderniser son système balistique. Vladimir Poutine a expliqué qu'il n'y avait pas de limite à la portée de ce nouveau système, dénommé Sarmat, le présentant en vidéo.

L'opération militaire en Syrie a illustré les capacités militaires russes, selon le président russe, rappelant l'arsenal qui était à disposition de Moscou.

La croissance économique en Russie devrait être supérieure à la moyenne mondiale, selon Vladimir Poutine qui estime que c'est là un objectif que le gouvernement doit viser.

Le gouvernement et les banques doivent travailler ensemble afin qu'une entreprise sur deux puisse connaître un boom économique. Pour cela, il est nécessaire de maintenir des taux d'intérêt bas.

«Nous devons repenser le système d'octroi de la nationalité russe : nous avons besoin de faciliter l'accès à la nationalité russe à des jeunes de talent», a déclaré le président russe.

La Russie développe plusieurs centres scientifiques qui disposent d'instruments de pointe en matière de recherche fondamentale, selon Vladimir Poutine. Le gouvernement doit fournir une base législative et des programmes de soutien pour aider à attirer des scientifiques de premier plan, qui utiliseraient ces installations à bon escient.

L'éducation a tenu une place importante dans le discours du président russe, qui a fait part de la nécessité d'améliorer le système éducatif : «Enseigner aux enfants les compétences dont ils auront besoin lorsqu'ils rejoindront le marché du travail est essentiel au succès futur de la Russie», a-t-il expliqué.

Vladimir Poutine a annoncé des mesures pour résoudre les problèmes environnementaux auxquels la Russie fait face, pour améliorer l'accès des gens à de l'eau potable, et réduire la pollution dans les grandes villes.

Le président russe a parlé de la réforme du système de santé national, de l'accessibilité des soins médicaux dans les régions rurales et des moyens d'améliorer les soins de santé préventifs dans le pays. Il a en outre annoncé un programme national de lutte contre le cancer.

La Russie doit devenir l'un des principaux centres mondiaux de stockage et de traitement de données, selon Vladimir Poutine. Le président a également promis de lourds investissements dans le réseau russe, l'infrastructure internet et les communications par satellite.

La modernisation des principales lignes de transport permettra à la Russie de devenir une voie de transit plus importante pour les marchandises entre l'Europe et l'Asie, a déclaré Vladimir Poutine. La Russie est à la traîne sur ce point alors que la Chine est prête à stimuler son commerce à travers la Russie.

Vladimir Poutine a annoncé l'ouverture du pont reliant la Russie continentale à la péninsule de Crimée dans les mois prochains, qui redonnera une impulsion au développement de la région.

Il a affirmé qu'investir dans les routes, les rendre plus confortables et plus sûres était une tâche importante du gouvernement.

La Russie a besoin d'un vaste programme de développement urbain fondé sur des approches et technologies modernes en matière d'architecture, de transport et de communication.

Sur les questions économiques, le président russe a mis en avant trois points : l'augmentation de 1,5 fois du revenu par personne d'ici 2025, la réduction des taux d'intérêt des crédits hypothécaires pour les rendre accessibles à tous, et donner accès à cinq millions de familles à un nouveau logement.

Depuis 2000, l'espérance de vie a atteint 73 ans en Russie, selon Poutine. Or cela ne suffit pas : le but de la Russie est d'amener l'espérance de vie au delà de 80 ans a soutenu le président russe. 

Il s'est également arrêté sur la question démographique : «La réduction de la population active en 2017 est une menace réelle pour la croissance : il faut assurer une augmentation croissante et régulière de la population.»

Le président a poursuivi en citant quelques chiffres sur la situation en Russie concernant son économie, décrivant la pauvreté et la structure du travail : «Nous devons assurer une augmentation progressive et stable des revenus des citoyens [...] il faut prendre des mesures sociales ciblées.»

La Russie doit faire des réformes dures mais nécessaires, selon Vladimir Poutine, afin de donner un environnement de liberté et de créativité à son peuple. Sans quoi, il n'y aura pas de futur.

Le président russe a fait part de la nécessité pour la Russie de s'adapter aux changements que connaît le monde, aux nouveaux défis qu'il présente notamment d'un point de vue technologique. Pour ne pas entraver l'économie du pays, il a appelé son pays à prendre ce tournant à temps. 

Président et candidat à sa propre succession, Vladimir Poutine prend la parole ce 1er mars à 10h (heure française) devant les deux chambres du Parlement russe réunies en Assemblée fédérale. L'occasion pour le chef d'Etat de donner ses grandes orientations à moins de trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle, le 18 mars 2018. Dans un contexte international en mouvement, le discours sera également l'opportunité de défendre son bilan.

Conformément à la constitution russe, le président de la Russie se prête de façon annuelle à ce discours à la Nation, à ses représentants, ainsi qu'aux membres du gouvernement.

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