Selon un sondage publié par le quotidien allemand Bild ce 19 février, le parti anti-immigration et souverainiste Alternative für Deutschland (AfD) devancerait les sociaux-démocrates (SPD), ce qui en ferait la deuxième force politique du pays. Si des élections législatives avaient lieu, le parti conservateur (CDU-CSU) serait, d'après l'enquête, crédité de 32% des intentions de vote, tandis que le SPD tomberait à 15,5%. L'AfD obtiendrait pour sa part 16% des voix. C'est la première fois qu'un sondage national le place au-dessus du parti social-démocrate.
Le SPD, qui ne voulait pas se brûler les ailes en s'associant au parti d'Angela Merkel dans le cadre d'une nouvelle grande coalition («Grosse Koalition», aussi surnommée «GroKo») ne semble pas avoir échappé à ce destin funeste. Les sympathisants du parti n'auront sans doute pas apprécié les reniements d'un Martin Schulz, qui après avoir juré de ne pas s'allier avec Angela Merkel, aura finalement cédé et donné son aval à un accord de coalition le 7 février dernier.
Angela Merkel se prépare au pire et désigne un possible successeur
Peine perdue, la perspective d'une alliance a déclenché une levée de boucliers dans les rangs du SPD, obligeant l'ex-président du Parlement européen Martin Schulz non seulement à renoncer à un poste de ministre des Affaires étrangères dans le cadre d'un futur et hypothétique gouvernement de coalition, mais aussi à abandonner la direction du parti. Le but ? Tenter de calmer la fronde au sein du SPD, alors que l'accord de coalition dépend encore d'un vote par correspondance des militants du parti entre le 20 février et le 2 mars 2018.
Aussi, malgré des mois de tractations, Angela Merkel continue donc de subir les conséquences des élections législatives de fin septembre 2017, dont aucun parti n'est sorti avec une majorité absolue. Tandis que la CDU a obtenu son plus faible score historique depuis 1949, l'AfD a fait une entrée fracassante au Bundestag, le Parlement allemand, avec 13% des voix.
Alors que l'organisation de nouvelles élections législatives pourrait mettre un terme à l'imbroglio politique, ce dernier sondage risque fort de convaincre encore un peu plus Angela Merkel de tout faire pour éviter de convoquer les Allemands aux urnes. La chancelière paraît même prête à laisser sa place aux commandes de la CDU ; elle a désigné comme numéro deux du parti une proche, Annegret Kramp-Karrenbauer, ministre-président de l'Etat régional (Land) de la Sarre. Une manière de se ménager une porte de sortie, mais aussi, dans l'espoir incertain de parvenir à une alliance, de prolonger encore une situation qui voit l'Allemagne toujours privée de gouvernement depuis maintenant près de six mois.