Un projet de loi voté le 26 janvier par chambre basse du Parlement polonais a provoqué l'indignation des autorités israéliennes.
Cette loi prévoit une peine pouvant aller jusqu'à trois ans de prison pour les Polonais et les étrangers qui utiliseraient le terme «camps de la mort polonais», pour qualifier les camps d'extermination que les nazis avaient installés en Pologne quand ils occupaient ce pays durant la Seconde Guerre mondiale. Pour entrer en vigueur, ce texte doit être voté par le Sénat et signé par le président polonais.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a donné instruction à l'ambassadeur d'Israël à Varsovie de rencontrer le Premier ministre polonais dès le soir du 27 janvier «pour lui exprimer [s]a ferme opposition à cette loi», selon un communiqué de ses services.
Selon l'agence polonaise PAP, l'ambassadeur israélien Anna Azari a appelé Varsovie à modifier la loi lors d'une cérémonie, le 27 janvier, marquant le 73e anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, qui coïncide avec la journée internationale à la mémoire des victimes de l'Holocauste.
Par ailleurs, le chargé d'affaires polonais auprès de l'ambassade de Pologne à Tel-Aviv, en l'absence de l'ambassadeur, a été convoqué le 28 janvier à Jérusalem, selon des propos du porte-parole du ministère des Affaires étrangères à l'agence PAP.
Pour Israël, la loi polonaise constitue une tentative de nier la participation de la Pologne à l'extermination des juifs
Pour les Polonais, l'utilisation du terme «camps de la mort polonais» donne la fausse impression que leur pays est responsable de la Shoah.
Israël demande au gouvernement polonais de modifier cette loi avant son adoption définitive
Pour les dirigeants israéliens, ce texte représente une tentative de nier la participation de la Pologne à l'extermination des juifs par les nazis durant la Seconde Guerre mondiale. «Cette loi est sans fondement. On ne peut pas changer l'Histoire et l’Holocauste ne peut pas être nié», a proclamé Benjamin Netanyahou. «Israël demande au gouvernement polonais de modifier cette loi avant son adoption définitive», a affirmé le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Un responsable de ce ministère a confié à l'AFP que cette loi visait à «dédouaner les Polonais de leur rôle pendant et après la Shoah».
Les dirigeants de l'opposition de gauche et centriste en Israël, Isaac Herzog et Yair Lapid, ont également dénoncé le texte de loi polonais, tout comme le député arabe d'opposition Ahmed Tibi.
Yad Vashem, le mémorial de la Shoah à Jérusalem, a également critiqué le texte mais de manière plus nuancée. «Cette loi est susceptible de brouiller la vérité historique concernant l'assistance que les Allemands ont reçue de la part de la population polonaise durant l'Holocauste», a souligné dans un communiqué cette institution, qui a toutefois reconnu «qu'il ne fait aucun doute que le terme "camps de la mort polonais" constitue une interprétation erronée de l'histoire»".