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Pour Washington, «quel que soit l'auteur» des attaques chimiques en Syrie, la Russie est responsable

Le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson a ouvertement accusé le 23 janvier la Russie de porter la responsabilité des attaques chimiques perpétrées sur le territoire syrien... et ce «quel qu'en soit l'auteur.

Le 23 janvier s’est tenue à Paris une conférence regroupant une trentaine de pays, dont certains sont membres de l'OTAN, avec pour objectif de créer une initiative «contre l’impunité dans l’emploi d’armes chimiques».

La France entend faire de la coopération multilatérale son cheval de bataille afin de mener à bien sa mission. Néanmoins, ce rendez-vous a été marqué par une accusation en règle des Etats-Unis contre la Syrie et son allié russe, court-circuitant de facto la volonté affichée par la France. Le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a en effet déclaré que la Russie était responsable des décès causés par l'attaque chimique présumée perpétrée en Ghouta orientale, en Syrie.

Des accusations fondées sur des rapports de…l’OSDH

«Encore hier, plus de vingt civils, enfants pour la plupart, ont été victimes d'une attaque présumée au chlore», a-t-il affirmé lors de la signature d'un partenariat international contre les armes chimiques. Il a poursuivi : «Quel que soit l'auteur des attaques, la Russie porte, en dernier ressort, la responsabilité pour les victimes de la Ghouta orientale».

Pour justifier ses accusations, le chef de la diplomatie américaine a fait référence aux rapport controversés produits par l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) qui, depuis son siège de Londres, a à de multiples reprises accusé Damas d’être derrière ces attaques chimiques.

La crédibilité de cet organisme a été à plusieurs reprises remise en question tant les faits qu'il dit avoir eu lieu sur terrain sont peu vérifiables. En mars 2017, le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères avait concédé que toutes les informations diffusées par l’OSDH «ne reflèt[aient] pas la vérité». Son fondateur, Rami Abdel Rahman, avait quant à lui confié à RT que son dernier voyage en Syrie remontait à une quinzaine d'années. 

Lire aussi : Frappe «meurtière» de la coalition en Syrie : l'Allemagne met en doute la crédibilité de l'OSDH

La Russie à l’origine de la mise sous tutelle de l’arsenal chimique syrien  

«L'échec de la Russie à résoudre le problème des armes chimiques en Syrie remet en question sa pertinence pour la résolution de la crise globale», a estimé Rex Tillerson, affirmant que depuis la destruction de ces stocks, il y avait des «preuves croissantes» que la «Syrie continuait à posséder illégalement des armes chimiques et qu’elle les utilisait contre son propre peuple». Une énième accusation se dispensant de preuves et qui se heurte à la réalité des faits.

D'autant que Moscou a opposé son veto l'an dernier à une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui visait à prolonger le mandat de la mission du Mécanisme conjoint d'enquête des Nations unies (JIM) au-delà du 17 novembre 2017, après avoir constaté de lourdes lacunes. Cette commission d’enquête avait été créée en août 2015 pour récupérer sur le terrain des preuves concernant les attaques chimiques perpétrées en Syrie. Ses membres avaient eux-mêmes concédé avoir rencontré des difficultés, affirmant avoir été dans l’incapacité d’explorer l’ensemble des sites et de tenir les délais fixés pour achever leur mission.

«Une extension du mandat du JIM n'est possible pour nous qu'à condition que les imperfections fondamentales de son travail soient rectifiées», avait alors déclaré l'ambassadeur de Russie auprès de l'ONU, Vassili Nebenzia, pour justifier ce veto. En outre, Moscou a estimé que les dirigeants du JIM s'étaient «déshonorés avec l'enquête fictive sur l'utilisation de gaz sarin à Khan Cheikhoun» et les accusations «sans fondement qu'ils ont portées contre la Syrie».

Pour rappel, Moscou avait pris l’initiative sur le dossier syrien en proposant de placer l’arsenal chimique de Damas sous contrôle international, en septembre 2013. Proposition qui avait eu l’assentiment de la communauté internationale. 

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Les imprécisions françaises

Si, le 23 janvier, Jean-Yves le Drian a tenu un discours certes plus modéré que son homologue américain, il a néanmoins, sans nommément la citer, dénoncé la position de la Russie sur le dossier syrien, évoquant «l‘obstruction à laquelle se livrent quelques pays» : «En faisant cela, ils instaurent une espèce d‘impunité de fait.» Il a par ailleurs ajouté : «Les faits sont pourtant connus, ils ont été documentés de façon rigoureuse et scientifique.» Le chef du Quai d'Orsay a en outre déclaré que l'attaque de la Ghouta le 21 août 2013 avait provoqué la mort de 2 000 personnes. 

Un bilan qui est bien au-delà de celui effectué par les services de la direction générale de la Sécurité extérieure (DGSE) et du service de renseignement des armées (DRM) qui ont fait état de la mort d'au moins 281 civils après l’expertise de vidéos authentifiées fournies par des médecins présents sur place. Les Etats-Unis et les «rebelles» de l'armée syrienne libre (FSA) avaient également communiqué des bilans bien inférieurs à celui avancé par Jean-Yves Le Drian. Ces derniers évoquaient respectivement les chiffres de 1 429 et 1729 victimes. De quoi ajouter encore davantage de la confusion à la confusion, tout en renforçant l'impression qu'une partie de la diplomatie occidentale tient les faits pour secondaires.

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