«C'est un fait que les forces américaines sont impliquées dans la création d'entités gouvernementales alternatives sur de vastes pans du territoire syrien», a déclaré le 19 janvier 2018 le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov. «Et cela, bien sûr, vient en totale contradiction avec les obligations [américaines], auxquelles ils ont accepté de se plier à de nombreuses occasions – y compris au Conseil de sécurité des Nations Unies – de respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale de la Syrie», a ajouté le chef de la diplomatie russe.
Il a également affirmé que le secrétaire d'Etat américain, Rex Tillerson, lui avait dit à de nombreuses reprises que la seule raison de la présence militaire américaine en Syrie était la lutte contre l'Etat islamique. «A présent [que Daesh est défait], ils ont d'autres projets à long terme», a commenté le membre du gouvernement russe.
Sergueï Lavrov répondait alors à une question posée par un journaliste de RT, Caleb Maupin, lors d'un point presse au siège des Nations unies à New York, au sujet de l'actuelle crise d'Afrin.
L'armée turque a lancé ce 19 janvier une opération militaire en Syrie pour reprendre la ville d'Afrin, contrôlée par les Kurdes. L'ombre de Washington plane sur cette offensive, qui met en exergue les ambiguïtés de la politique kurde des Etats-Unis depuis le début de l'intervention américaine en Syrie en 2014. D'un côté, les Etats-Unis reconnaissent le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) comme une organisation terroriste, tout comme l'Union européenne et la Turquie. De l'autre, ils ont fait des milices des YPG l'un de leurs partenaires privilégiés... alors même qu'Ankara les considère comme terroristes.
La récente décision du Pentagone de mettre en place un programme d'entraînement pour les garde-frontières arabes et kurdes en Syrie, afin d'éviter une renaissance de l'Etat islamique, semble avoir mis le feu aux poudres. L’administration américaine a en effet annoncé début janvier qu'elle souhaitait aider à la mise en place d'une force de 30 000 hommes sous la direction des YPG. «L’Amérique a avoué qu’elle était en train de constituer une armée de terroristes à notre frontière. Ce qui nous revient, à nous autres, c’est de tuer dans l’œuf cette armée terroriste», avait déclaré Recep Tayyip Erdogan le 15 janvier.
Détails à suivre...