Pourtant jusque-là vent debout contre la tenue d'un nouveau référendum sur la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne (UE), l'ex-président du parti souverainiste UK independance party (UKIP), Nigel Farage, a pris tous les commentateurs par surprise ce 11 janvier 2018 sur la chaîne britannique Channel 5. «J'en arrive au point de penser que peut-être, vraiment peut-être, nous pourrions avoir un deuxième référendum sur l'appartenance à l'UE», a lancé le champion de la campagne en faveur du Brexit. «Cela mettrait fin une fois pour toutes au problème pour une génération», a-t-il ajouté, sans qu'il ne soit possible de déterminer s'il s'agissait d'humour, de lassitude ou de provocation rhétorique. De fait, depuis la victoire du camp du Brexit le 24 juin 2016, les partisans du maintien du Royaume-Uni dans l'UE n'ont eu de cesse de proposer de revenir sur la décision des électeurs (le «oui» a obtenu une majorité de 52% des suffrages britanniques).
Ils continueront de se lamenter et de pleurnicher durant tout le processus
Outre les déclarations très critiques vis-à-vis du Brexit des dirigeants européens, tels que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker (qui avait parlé de «tragédie»), l'ancien Premier ministre britannique Tony Blair s'est fait l'avocat de la tenue d'un second référendum, en espérant une issue plus favorable pour les Remainers. «Lorsque les faits changent, je pense que les gens ont le droit de changer d'avis», avait ainsi lancé celui-ci en guise de plaidoyer pour un nouveau référendum le 3 décembre 2017.
Tony Blair pourrait disparaître et retourner à l'obscurité la plus totale
Ce 11 janvier, Nigel Farage lui a répondu indirectement : «Ils continueront de se lamenter et de pleurnicher durant tout le processus [de sortie de l'UE]. Je pense qu'avec un second référendum [...] nous l'emporterions définitivement. Le pourcentage de ceux qui voteraient pour sortir de l'UE serait bien plus important que la fois précédente.» Et le bouillonnant souverainiste de conclure : «Et [Tony] Blair pourrait disparaître et retourner à l'obscurité la plus totale.» En clair, contre ceux qui remettent en cause le résultat du suffrage universel, il faudrait, selon lui, utiliser contre eux le même suffrage universel.
Pour mémoire, suivant le même raisonnement démocratique, Theresa May avait convoqué des élections législatives anticipées pour renforcer sa position dans les négociations entre Londres et Bruxelles sur les conditions du Brexit. Avec un résultat des plus décevants.