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Brexit : Tony Blair veut un nouveau référendum

En pleine offensive médiatique pour revenir sur le devant de la scène politique, Tony Blair assure que les électeurs britanniques ont été dupés par les partisans du Brexit. Il veut un nouveau vote. Theresa May, elle, se rend à Bruxelles ce jour.

Un an et demi après le vote des citoyens britanniques en faveur du Brexit, les partisans du maintien dans l'Union européenne (UE) n'entendent toujours pas s'avouer vaincus, comme le montre l'ancien Premier ministre Tony Blair. Celui qui fut à la tête du gouvernement outre-Manche de 1997 à 2007 a confirmé, dans une interview accordée à la BBC le 3 décembre, qu'il continuerait à œuvrer pour interrompre le processus du Brexit.

«Lorsque les faits changent, je pense que les gens ont le droit de changer d'avis», a lancé Tony Blair en guise de plaidoyer pour un nouveau référendum. Selon lui, les promesses des partisans du Brexit n'auraient pas été tenues, ce qui justifierait une nouvelle consultation. L'ex-chef du gouvernement pointe plus particulièrement du doigt le transfert de 350 millions de livres par semaine (près de 400 millions d'euros), montant de la contribution britannique à l'UE, vers le budget du système de santé du Royaume-Uni (la NHS) – l'une des promesses phares des pro-Brexit.

Celui qui avait, au début des années 2000, fortement limité l'autonomie financière des hôpitaux, suscitant de vives oppositions au sein même de son parti, se montre désormais très sensible à la situation économique de la NHS, la qualifiant de «tragédie nationale». Cet «effondrement» justifierait donc un demi-tour politique sur la question européenne. En effet, selon lui, «beaucoup de gens ont voté pour le Brexit en pensant qu'en sortant de l'UE, l'argent reviendrait et pourrait être investi dans la NHS».

«J'ai la conviction que, lorsque notre pays prendra conscience de sa nouvelle relation avec l'Europe, il comprendra qu'elle lui est profondément nuisible, ou bien, seconde possibilité, après s'être séparé de l'UE, après avoir quitté le marché commun, nous comprendrons que nous essayons en fait, par tous les moyens, de reproduire les avantages que nous avions [au sein de l'UE] – auquel cas, beaucoup de gens se demanderont à quoi aura servi tout ça», a expliqué Tony Blair.

Autrement dit, l'ancien Premier ministre conçoit une seule alternative : soit les négociations sur le Brexit échouent, contraignant le Royaume-Uni à accepter un accord très défavorable qui pèsera lourdement sur ses finances, soient elles réussissent, auquel cas elles auront pour simple effet d'établir des conditions tellement similaires à celles dont il jouissait dans l'UE que le Brexit n'aura servi à rien.

Une stratégie pour revenir aux affaires ?

Tony Blair a admis que certains citoyens du Royaume-Uni aient pu voter pour le Brexit en leur âme et conscience : «Il y a des gens qui croient que l'appartenance à l'UE est incompatible avec la souveraineté nationale : je ne suis pas d'accord, mais puisqu'ils en sont intimement persuadés, rien ne les fera changer d'avis.» Il estime toutefois que les électeurs du parti travailliste sont peu nombreux dans ce cas, et qu'ils ont majoritairement été dupés par la campagne en faveur du Brexit.

En essayant de se positionner comme le héraut de l'anti-Brexit au sein d'une famille politique que la question avait fortement divisé, Tony Blair tente de renforcer l'aile libérale du parti travailliste, désormais dirigé par Jeremy Corbyn, représentant de l'aile gauche. Après la fondation de son institut politique en décembre 2016, le Tony Blair Institute, qui nourrit l'ambition de «rendre la mondialisation profitable à tous, et non aux happy few», les rumeurs ont commencé à émerger quant aux ambitions cachées de Tony Blair.

Ce dernier est soupçonné de vouloir conquérir à nouveau le pouvoir, peut-être même en fondant son propre parti politique. Mis au ban du parti travailliste depuis l'ascension de Jeremy Corbyn, Tony Blair entend s'opposer à la ligne suivie par ce dernier. Interrogé au sujet d'une éventuelle scission, il a toutefois démenti : «Ce ne serait pas une bonne idée : le Labour doit redevenir le parti d'une politique moderne et réellement progressiste.»

Tony Blair a tenu ces propos à la veille d'une semaine qui s'annonce décisive pour les négociations sur le Brexit. Le Royaume-Uni et les 27 Etats membres de l'UE doivent décider d'un éventuel passage à la seconde phase des discussions. Theresa May est attendue à Bruxelles ce 4 décembre afin de rencontre le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, ainsi que le négociateur Michel Barnier. Trois questions seront au centre des discussions : celle de la frontière irlandaise, celle de la facture du Brexit et celle du statut des ressortissant européens au Royaume-Uni. Si l'UE et le Royaume-Uni s'entendent, un accord pourrait être entériné dès le Conseil européen des 14 et 15 décembre prochains.

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