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Nicolas Maduro va rencontrer l’opposition vénézuélienne en face à face à Saint-Domingue

Les précédentes entrevues entre les deux camps s'étaient soldées par l'échec des négociations. Mais le président du Venezuela va bien rencontrer l’opposition pour la troisième fois les 11 et 12 janvier, sans la présence de médiateurs.

Même si les précédentes réunions s’étaient révélées peu concluantes jusqu'ici, Nicolas Maduro va de nouveau rencontrer ses adversaires de l’opposition. Ils se retrouvent à Saint-Domingue les 11 et 12 janvier, cette fois-ci sans intermédiaires.

Le président du Venezuela, qui avait déjà évoqué lors des municipales le 11 décembre 2017 une future discussion avec Julio Borges, coordinateur national du parti Primero Justicia et l'un des membres de l'opposition, a déclaré : «C'est une bonne idée d'aller en République dominicaine participer au dialogue, je veux voir Julio Borges : Julio Borges est un pion de Washington mais j’aimerais aller le saluer, m'asseoir pour parler avec lui, nous allons y penser.»

Aide humanitaire, élections et prisonniers au menu des discussions

Plusieurs sujets chers à l’opposition restent à négocier : tout d’abord la libération de ce qu'elle considère être des «prisonniers politiques». Alors que l'Assemblée constituante vénézuélienne, où le parti chaviste est majoritaire, avait elle-même avait recommandé la libération de 80 prisonniers en décembre, 36 d'entre eux ont recouvré la liberté à Noël.

Autre sujet attendu : l’autorisation de distribuer de l’aide humanitaire aux Vénézuéliens les plus démunis. Queues devant des magasins vides, pénurie de médicaments, taux d'inflation de 652% en 2017, en passe de bondir à 2 000% en 2018... La situation économique dans le pays se dégrade. Le 9 janvier, le pillage de cinq magasins d’alimentation ont eu lieu dans la ville de Ciudad Guayana, dans l'est du pays. Des citoyens y ont aussi bloqué des routes pour réclamer des médicaments contre la malaria et de la nourriture. Pour le moment, le président Nicolas Maduro se refuse à accepter l'aide humanitaire étrangère et estime que son pays peut faire face seul aux défis qu'il affronte.

D'autant que les difficultés que connaît le Venezuela sont en partie dues à l'embargo qu'il subit depuis plusieurs années. Le gel des avoirs ou l'interdiction d'acheter de nouvelles obligations émises par le gouvernement du Venezuela ou la compagnie pétrolière nationale PDVSA limitent fortement l'accès aux sources de financement à l'international, dont le Venezuela a pourtant cruellement besoin pour ses importations. Nicolas Maduro tente ainsi de mettre en place divers dispositifs financiers pour contrer ces sanctions financières, comme libeller les achats pétroliers en yuan chinois et non plus en dollars. 

Des perspectives d'amélioration encore minces

La coalition d’opposition réclame en outre le rétablissement des prérogatives du Parlement, où elle est majoritaire, et la réforme du Conseil national électoral (CNE). Ils assurent que les élections de 2017, celles ayant désigné les membres de l’Assemblée constituante et les municipales, qu’ils avaient pourtant boycottées, ont fait l’objet de fraudes. A l'avenir, ils exigent l'intervention de pays étrangers dans le processus électoral afin de garantir son bon déroulement, et ce dès le scrutin présidentiel de 2018. Sorti victorieux des élections municipales de décembre, le parti de Nicolas Maduro dénonce de son côté les tentatives d'ingérence, notamment des Etats-Unis, dans le processus électoral vénézuélien.

Le gouvernement et la coalition de la Table de l'unité démocratique (MUD) s’étaient déjà retrouvés pour deux séries de négociations à Saint-Domingue, sous l’œil de médiateurs. En octobre 2016, le Vatican s’était attelé à jouer les entremetteurs à Caracas mais l’opposition avait refusé de réitérer cette médiation, estimant dans une lettre que le dialogue ne pouvait pas s’établir sans l’existence de «garanties et de conditions très claires». En septembre 2017, le Mexique et le Chili (choisis par l'opposition), et la Bolivie et le Nicaragua (choisis par Nicolas Maduro), avaient chaperonné les discussions sans que cela n'aboutisse à des accords tangibles.

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