En décembre, la marque Manix a placardé une série d’affiches, notamment dans le métro parisien, pour vanter une gamme de préservatifs, incarnée par un couple mixte. Le géant suédois de la mode H&M a quant à lui fait porter par un petit garçon noir un sweat-shirt à message, «le singe le plus cool de la jungle». Après un torrent d’indignation sur les réseaux sociaux, Manix a publié un message d'explication le 7 janvier et H&M a présenté ses excuses le 8. «Nous avons retiré l'image de tous les canaux H&M et nous nous excusons auprès de tous ceux que nous avons offensés», a déclaré la porte-parole de la marque de vêtements, Anna Eriksso.
Quand la communication de Manix capote
Sur la publicité des préservatifs Manix Zero, on voit une jeune femme blanche, posant sa main sur la tête d’un jeune homme noir souriant, alors qu'elle est assise à un niveau supérieur. La scène s'accompagne du slogan «Osez être plus proches».
Les auteurs de la campagne dont cette photo est issue, l’agence de communication +Knauss, ont souhaité séduire les jeunes urbains en tablant sur des couples mixtes ou LGBT. Or, la campagne a provoqué l’inverse de l’effet escompté.
Plusieurs internautes ont affirmé voir en cette photo un exemple de domination, par le geste de la main et la position symbolique de la femme. D'autres ont lu dans cette image l’assimilation de l’homme noir à un partenaire susceptible de transmettre des maladies sexuellement transmissibles. Toutes ces interprétations et cette colère se sont retrouvées amplifiées par les réseaux sociaux, la polémique faisant toujours rage sur Twitter en ce mois de janvier 2018.
Une internaute pose la question de l'audace suggérée par le slogan publicitaire : «Un rapport sexuel avec un black, c’est oser ?»
Une utilisatrice de Twitter évoque la dimension qu’elle juge raciste et sexiste de cette publicité présentant «l’homme noir trophée» et «la femme en position de domination».
La marque Manix a répondu au tollé en publiant un post sur Facebook le 7 janvier mettant en perspective plusieurs photos de la campagne, affirmant : «Nous ne voyons pas noir ou blanc. Nous voyons des personnes !»
Cette polémique intervient après le scandale qui a fait rage lorsque le footballeur Antoine Griezmann est apparu sur les réseaux sociaux avec blackface pour, selon lui, rendre hommage à l'équipe de basket des Harlem Globe Trotters. Sur le même thème, les festivités de la nuit des Noirs de Dunkerque ou les femmes peintes en noir de l’affiche du festival réunionnais de cinéma Même pas Peur avaient déjà bien contribué à chauffer les esprits.
Le sweat-shirt simiesque d'H&M
H&M a aussi déclenché les foudres de ses clients dans le monde entier en faisant porter un sweat-shirt orné du slogan Coolest monkey in the jungle, soit en français le singe le plus cool de la jungle, à un petit garçon noir. Les autres sweat-shirts de la gamme existent dans d'autres couleurs et sont portés par des enfants blancs, mais il n'est fait mention de singe nulle part. Sur le pull du petit enfant blanc, on lit même «expert en survie». Un tollé s'en est immédiatement suivi, initié par la mannequin britannique noire Stephanie Yeboah.
«Qui a eu l'idée de faire porter à ce petit garçon noir un pull sur lequel est écrit "le singe le plus cool de la jungle"?», s'est-elle demandé sur Twitter le 7 janvier. Son post a été retweeté plus de 16 000 fois. Elle a rappelé sur des posts ultérieurs que le terme «singe» était traditionnellement utilisé depuis des centaines d'années pour injurier les Noirs.
Aussitôt assaillie de commentaires racistes, elle a posté le 8 janvier une capture d'écran des insultes qui ont aussitôt fusé, comme «tu es un singe» ou «grosse pouffe, perds du poids».
Pourtant, beaucoup d'internautes du monde entier lui ont emboîté le pas. Cet utilisateur de Twitter appelle au boycott du géant du prêt-à-porter.
Des utilisateurs français se sont aussi saisis du débat.
Cet internaute se demande quant à lui quelles excuses trouvera encore H&M pour se dédouaner.
En réaction à cette flambée de controverses et d'appels au boycott, H&M a présenté des excuses de manière très laconique, le matin du 8 janvier. La marque a également retiré la photo du petit garçon mais le sweat-shirt à l'origine du scandale est toujours disponible à la vente.