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Macron : la ligne des USA, d'Israël et de l'Arabie saoudite sur l'Iran «pourrait mener à la guerre»

Alors que les Etats-Unis voient dans les manifestations en Iran l'opportunité d'un changement de régime, Emmanuel Macron cherche une voie médiane pour la diplomatie française. Et met en garde contre les propos de certains pays hostiles à Téhéran.

En matière de politique étrangère, Emmanuel Macron chercherait-il une troisième voie, quitte à brouiller un peu son message ? Après avoir appelé à contrer l'«hégémonie» iranienne dans la région en novembre 2017, conformément aux objectifs affichés par Washington, le président de la République fait usage de sa rhétorique du «en même temps» et de la «pensée complexe», quitte à changer de ton sur le dossier iranien.

Un discours qui va nous conduire à la guerre

«On voit bien le discours officiel qui est porté par les Etats-Unis, Israël, l'Arabie saoudite», a-t-il encore noté, prenant toutefois le soin de modérer son propos en ajoutant : «Qui sont nos alliés à de nombreux égards». «C'est quasiment un discours qui va nous conduire à la guerre en Iran», a-t-il conclu sans ambages d'après l'AFP, s'exprimant en marge de son discours de présentation de vœux à la presse le 3 janvier

«Ce qui est en train de se jouer [en Iran], sinon, c'est qu'on est en train de subrepticement reconstruire un "axe du mal"», a-t-il déploré, en référence au slogan axis of evil forgé par les néo-conservateurs et repris par George W. Bush contre, entre autres, l'Irak et l'Iran dans les années 2000.

De là à qualifier Washington, Tel Aviv et Riyad de fauteurs de guerre, il n'y avait qu'un pas, qu'Emmanuel Macron n'a néanmoins pas franchi.

Ce pas a en revanche été franchi par les dirigeants iraniens, qui ont à plusieurs reprises dénoncé l'influence étrangère, voire même la présence d'«agents étrangers» dans les manifestations contre l'austérité et le gouvernement, largement relayées dans la presse occidentale. Le 2 janvier, le guide suprême de la Révolution Ali Khamenei avait affirmé que les manifestations violentes qui secouaient le pays avaient été soutenues par les «ennemis de l'Iran» et leurs «ressources, armes, politiques et appareil sécuritaire». Le lendemain, le président iranien Hassan Rohani avait pour sa part accusé nommément les rivaux saoudiens de vouloir déstabiliser le pays.

Une politique d'ingérence assumée par Washington ?

Si Emmanuel Macron n'a pas étayé davantage son analyse, certaines déclarations permettent néanmoins d'attester la volonté d'ingérence des Etats-Unis dans les affaires intérieures de l'Iran. En juin 2017, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson n'avait pas caché que Washington encourageait la déstabilisation du gouvernement iranien. «Notre politique à l'égard de l'Iran est de repousser cette hégémonie, de contenir la capacité [de Téhéran] à développer [...] des armes nucléaires, et d'œuvrer à soutenir [les] éléments à l'intérieur de l'Iran qui mèneraient à une transition pacifique de gouvernement», avait ainsi affirmé sans gêne particulière le chef de la diplomatie américaine.

Outre sa dénonciation unilatérale de l'accord sur le nucléaire iranien, pierre angulaire d'une normalisation des relations entre l'Iran, frappé par des sanctions et le gel d'avoirs, et les puissances occidentales, Donald Trump n'a eu de cesse de prôner le changement de régime. En septembre 2017, lors de l'Assemblée générale des Nations unies, le président américain, pourtant élu sur un programme international relativement isolationniste, s'en était pris aux «Etats voyous», un autre élément de langage caractéristique des discours belliqueux de George W. Bush dans sa «guerre au terrorisme». «Le monde entier comprend que le bon peuple d'Iran veut le changement», avait-il ainsi martelé.

Le 3 janvier 2018, Donald Trump s'est fait encore plus clair sur ses intentions. «Tellement de respect pour le peuple iranien qui essaie de se débarrasser de son gouvernement corrompu. Vous aurez le soutien plein et entier des Etats-Unis le moment venu», a-t-il ainsi prophétisé sur Twitter.

En Israël, grand rival régional de Téhéran, le Premier ministre Benjamin Netanyahou a fait part le 1er janvier de son espoir que le régime iranien tombe «enfin», tout en prenant soin de démentir toute ingérence israélienne dans les troubles en cours en Iran.

Une «affaire intérieure qui attire l'attention de la communauté internationale», d'après Moscou

Les déclarations des Etats-Unis hostiles au gouvernement iranien, dans un contexte de crise, ont également fait réagir Moscou, sur une ligne assez comparable à celle d'Emmanuel Macron. «Nous avertissons les Etats-Unis de ne pas tenter d'intervenir dans les affaires intérieures de la République islamique d'Iran», a ainsi déclaré le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Riabkov, dans une interview à l'agence de presse TASS, ce 4 janvier.  «Ce qui se passe est une affaire intérieure qui attire l'attention de la communauté internationale [...] je suis convaincu que notre voisin [l'Iran], dont le gouvernement est notre ami, saura surmonter les difficultés actuelles», a-t-il ajouté.

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