Est-ce là la preuve de l'influence décisive du Kremlin dans le vote des Britanniques en faveur de la sortie de leur pays de l'Union européenne ? Facebook a déclaré avoir déniché trois annonces, diffusées sur son réseau social durant les deux mois de campagne pour le référendum du Brexit et dont une organisation russe appelée l'Internet Research Agency serait à l'origine. Il s'agit d'une ONG basée à Saint-Pétersbourg et accusée par certains médias d'être une «usine à trolls» sous contrôle du Kremlin. Dans son rapport, Facebook assure que les annonces de l'Internet Research Agency sur le Brexit auraient coûté... moins d'un dollar (moins de 0,80 euro). Elles n'auraient atteint que 200 d'internautes basés au Royaume-Uni, sur une période de quatre jours.
En outre, selon Facebook, ces publications traiteraient du thème de l'immigration et n'auraient pas uniquement ciblé la population britannique mais aussi le public américain.
Le géant du web Facebook répondait ainsi à la demande formulée mi-octobre par une commission parlementaire chargée du numérique au Royaume-Uni. Celle-ci cherche à savoir si la Russie a influencé le vote britannique lors du référendum sur le Brexit.
Pour rappel, le Brexit (procédure de retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne) a été voté le 23 juin 2016 par une majorité de 51,89% des électeurs.
Farage tourne en dérision «la théorie du complot russe sur le référendum» après l'annonce de Facebook
Le champion du camp pro-Brexit Nigel Farage s'est amusé du décalage entre le suspicions de la commission parlementaire et la révélation pour le moins anecdotique – et non compromettante pour les autorités russes – de Facebook : «Où est la théorie du complot russe sur le référendum pour la sortie de l'Union européenne, maintenant que nous savons qu'ils ont dépensé moins de 1 dollar sur Facebook ?»
Damian Collin, président de la commission, semble quant à lui déçu du bien maigre résultat de l'enquête de Facebook sur la supposée ingérence russe. «Malgré ce que j'avais demandé, il apparaît qu'aucun travail n'a été fait par Facebook pour chercher d'autres comptes [que ceux liés à l'Internet Research Agency] et des pages qui pouvaient être liés à la Russie, comme des agences soutenues par elle, et qui étaient actifs pendant le référendum sur l'Union européenne», exprime sur Twitter le conservateur britannique, visiblement mauvais joueur.
La «main de Moscou», une paranoïa électorale à la mode en Occident ?
La thèse de l'«ingérence russe» ne cesse d'être mise en avant pour contester la légitimité de grandes élections en Occident – une tendance ayant pour constante l'absence de preuves apportées et qui fait face au systématique démenti des autorités russes.
Ainsi, depuis le succès de Donald Trump à la présidentielle américaine de 2016, plusieurs enquêtes aux Etats-Unis tentent de démontrer les liens supposés entre la Russie et la victoire du Républicain. Pour l'heure, si des membres de l'entourage du président est incriminé, aucune preuve n'atteste de la collusion entre l'équipe de campagne de Donald Trump et les autorités russes. Que ce soit Twitter, Facebook ou Google, les différentes enquêtes mettent en avant l'absence de preuves d'une éventuelle implication russe dans le scrutin présidentiel américain. Ce qui n'empêche pas cette théorie d'être très régulièrement relayée par la presse américaine... au risque de flagrantes erreurs, tel que cela a récemment été le cas pour CNN et CBS ainsi que pour ABC.
Durant la présidentielle française de 2017, la Russie avait également été accusée par les proches d'Emmanuel Macron, futur président, d'avoir piraté des données internes de l'équipe de campagne d'En Marche!... Or, Guillaume Poupard, le directeur de l'Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI),a déclaré après enquête sur le piratage de l'équipe de campagne d'Emmanuel Macron qu'aucune trace de hackers russes n'avait été relevée.