Dans les colonnes du quotidien russe RBK du 28 novembre, Vitali Serdiouk, l'avocat de l'ex-président ukrainien Viktor Ianoukovitch, a annoncé que le parquet général d’Ukraine avait ouvert une enquête pénale sur le coup d’Etat 2014, à la requête de son client.
Le 14 juillet dernier, l’ancien chef de l’Etat ukrainien avait réclamé à la justice l'ouverture d’une «enquête sur la prise de pouvoir forcée en février 2014». Viktor Ianoukovitch a ainsi demandé qu'on examine le degré d’implication de plusieurs fonctionnaires et hommes politiques ukrainiens dans le coup d’Etat. Sont visés : le ministre de la Défense Arsène Avakov, l’ex-Premier ministre Arsény Iatseniouk, l'actuel maire de Kiev Vitali Klitchko, le chef du Conseil de la Défense ukrainien Aleksandre Tourtchinov, le procureur général Iouri Loutsenko (jadis ministre ukrainien) – tous députés au moment des faits – ainsi que, le chef du parti d'extrême-droite Svoboda («Liberté») Oleg Tiagnibok et encore d'autres personnalités.
Début juillet, Iouri Loutsenko avait déjà confirmé que le parquet général avait l’intention de procéder à cette enquête. Il avait d’ailleurs souligné qu’il n’interviendrait pas à titre personnel dans son déroulement, étant donné qu'il est lui-même sur la listes des personnes soupçonnées.
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Alors que Viktor Ianoukovitch accuse plusieurs membres actuels et anciens du gouvernement de Petro Porochenko d'avoir comploté pour le destituer illégalement, il est lui-même accusé de haute trahison par les autorités ukrainiennes pour «aide à la Russie dans des actions délibérées de modifier les frontières du pays», ce qu'il réfute.
L’ex-président avait quitté le territoire ukrainien le 22 février 2014. Le même jour, le Parlement avait proclamé sa destitution, que ce dernier ne reconnaît d'ailleurs toujours pas alors que les jours précédents avaient été marqués par une effusion de sang sur Maïdan.
Le pouvoir actuel, et donc l'opposition de l'époque, accuse Viktor Ianoukovitch, voire les services spéciaux russes d’avoir orchestré la fusillade, en ordonnant à des snipers de tirer sur la foule des opposants, ce que nie formellement Moscou.
D’autres versions de ce qui reste une pierre d'achopement de la politique intérieure ukrainienne attribuent la responsabilité de ces journées sanglantes à des groupes armés contrôlés par l’opposition d'alors. Cette thèse est accréditée par un reportage diffusé le 15 novembre sur la chaîne télévisée italienne Canale 5. Le réalisateur y donne la parole à trois tireurs présumés appartenant à ces groupes, qui affirment avoir reçu l'ordre de tirer indistinctement sur les manifestants et sur les policiers afin de créer le chaos et de précipiter la chute du pouvoir en place.