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Victor Ianoukovitch, ex-président ukrainien : «Aucun pouvoir ne mérite de faire verser le sang»

Les électeurs ukrainiens sont «désorientés» et «déсouragés», et les autorités de Kiev mènent la politiqe du «tous les coups sont permis». Une telle approche ne peut mener à rien de bon, a expliqué l'ancien chef d'Etat ukrainien Viktor Ianoukovitch.

Les Ukrainiens, ce peuple qui ne fait pas confiance au pouvoir

Appelé comme témoin dans un procès sur la mort de manifestants à Kiev en février 2014, l’ancien chef d’Etat ukrainien n’a pas hésité à émettre un jugement très critique à l’égard de la nouvelle direction politique de son pays dans une interview donnée aux médias russes. Le niveau de confiance que le peuple accorde au pouvoir actuel serait «extrêmement bas» - «près de 80% [de la population] ne fait pas confiance au pouvoir» .

Cependant, cela ne «signifie pas le départ rapide de ce pouvoir», car les électeurs ukrainiens sont «désorientés» et tellement «déсouragés» par les évènements de trois dernières années qu’ils ne sont «pas prêts à prendre des décisions radicales». «Il y a peu d’enthousiasme», a ajouté Victor Ianoukovitch.

Est-il possible que les dirigeants ukrainiens se décident à «revenir sur leurs erreurs» ? Ce n'est pas exclu, mais ce serait un «miracle» affirme l’ancien chef d’Etat, et il y «croit à peine».

Révélations sur les évènements de Maïdan en 2014

En se référant au procès auquel il participe en tant que témoin et qui concerne des faits remontant à 2014 – année de son départ de l’Ukraine –, Victor Ianoukovitch a déclaré que les accusations d’excès de la part des unités de forces spéciales Berkout par le parquet ukrainien étaient «sans aucun fondement» Tout en concédant qu’il «ne fallait pas frapper aussi fort», l’ex-chef d’Etat a évoqué des provocations de la part des manifestants dont les agents de police ont été victimes.

«On leur jetait des torches dessus, on attaquait les agents de police», a-t-il expliqué. «Ce qu’ils [les agents de police] auraient dû faire, c’est arrêter [les agresseurs] et les mettre en maison d’arrêt. A la place, ils les ont légèrement battus. C’étaient des radicaux, mais tout le monde l’a vu plus tard», a-t-il précisé.

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«Les Berkout ont accompli une mission très compliquée. Ils protégeaient les droits des citoyens, l’ordre et la loi et méritaient un profond respect». Cependant, selon Victor Ianoukovitch le pouvoir actuel est «injuste à leur égard» et ne devrait pas les considérer comme des criminels. «C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai décidé de témoigner à ce procès», a ajouté l’ancien homme politique.

Des dirigeants ukrainiens pour qui «tous les coups sont permis»

«Quand tous les coups sont permis, cela finit toujours mal», a déclaré l’ancien président ukrainien en se référant aux dirigeants actuels du pays. «Je ne m’étais jamais permis de faire des choses vis-à-vis des citoyens d’Ukraine de l'ordre de celles qu'ils se sont permis de faire : déclencher la guerre contre toute une région, l’écraser avec des chars, pilloner et chasser les gens de leur terre natale. Et pourquoi ? Parce qu’ils [les rebelles] ne vous aiment pas, vous traitent mal ou ont leur propre opinion ?», a-t-il poursuivi.

«Aucun pouvoir ne vaut une seule goutte du sang versé. C’est mon principe. Et eux ont [opté pour] l’inverse», a conclu le politicien.

Viktor Ianoukovytch a été président de l’Ukraine de février 2010 à février 2014, quand il a dû quitter son poste et le pays suite aux évènements de l’Euromaïdan et le coup d’Etat. Depuis cette époque, l'ancien politicien réside en Russie.

Le procès contre les agents des unités des forces spéciales, les Berkout, a été ouvert en avril 2015. Il vise à établir les responsabilités et les circonstances exactes des événements du 18 février 2014 où des snipers non-identifiés ont ouvert le tir sur des manifestants. Après plusieurs reports de son audition, Victor Ianoukovitch, qui nie avoir donné l'ordre de tirer, était entendu ce lundi 28 novembre à titre de témoin. L'ancien chef d'Etat ukrainien se trouvant actuellement à Rostov-sur-le-Don, dans le Sud de la Russie, il a été entendu par la justice ukrainienne par vidéo conférence.