Dans un courrier daté du 23 novembre, Guy Mettan, cofondateur de Reporters sans frontières (RSF) Suisse, a été sommé par Reporters sans frontières (RSF) Genève d'annuler la conférence qu'il entendait organiser à propos des Casques Blancs syriens au Club suisse de la presse le 28 novembre : «Ils ne se soucient pas de nous. Casques blancs, leur véritable agenda».
La raison invoquée par RSF pour cette annulation pointe des participants aux débats : Vanessa Beeley, journaliste, et Marcello Ferranda De Noli, président de l'association Médecins suédois pour les droits de l'homme, deux intervenants invités à la conférence, sont accusés par RSF d'être au service de «la propagande russe». Le président et la directrice de RSF Suisse menacent de retirer leur organisation du Club suisse de la presse si la présence de ces deux personnes était maintenue à la conférence.
Dans leur courrier, les représentants de RSF disent se dissocier «totalement de cet événement» et déclarent ne souhaiter «en aucune manière être associés à une conférence qui accueille une soi-disant journaliste, Vanessa Beeley». Le parcours professionnel de cette dernière semble ne pas convenir à RSF : «Quand bien même elle n’a jamais été publiée dans un média indépendant, il est étonnant qu’elle soit référencée au moins deux cents fois dans les médias russes de propagande (SputnikNews, Russia Today).»
L'organisateur de la conférence, Guy Mettan, a dit tout son étonnement vis-à-vis de la réaction de la branche suisse de RSF : «Je n’ai jamais vu une chose pareille. Voilà qu’une organisation qui défend la liberté d’informer me demande de censurer une conférence de presse. D’habitude, les pressions pour faire annuler des conférences de presse viennent de pays qui sont connus pour être des dictatures. La démarche de RSF me stupéfait. C’est prendre les journalistes pour des imbéciles. Comme s’ils n’étaient pas capables de se faire une opinion par eux-mêmes.»
Les Casques blancs ont été invités – mais n'ont pas donné suite
Dans son courrier à RSF, Guy Mettan assure qu'il est prêt à accueillir des soutiens des Casques blancs au cours de la conférence «afin qu’ils puissent faire valoir leur point de vue». Autrement dit, l'événement a pour but d'engager une discussion permettant de confronter différents points de vue. Mais Guy Mettan précise ensuite qu'«ils n’ont pas donné suite pour l’instant».
Les Casques blancs syriens suscitent régulièrement la controverse. Cette organisation, fondée en 2013 par un ancien membre de l'armée britannique, passé par la société militaire privée Olive group, est soupçonnée d'avoir un agenda caché sur le terrain. Les Casques blancs, qui se présentent comme une organisation de défense civile, opèrent dans des régions contrôlées par les rebelles et affirment être impliqués exclusivement dans des activités pacifiques comme le secours de civils après les frappes aériennes. Ils sont partiellement financés par des donations et des gouvernements occidentaux.
Néanmoins, en mars 2017, Damas avait alerté la communauté internationale des liens troubles entretenus par cette organisation, notamment avec le groupe terroriste Al-Qaïda. En juin 2017, un des bénévoles de l'ONG, arborant leur logo, avait d'ailleurs été aperçus dans une vidéo de décapitation diffusée sur Internet.