Confrontée au terrorisme islamiste et cible de vives critiques depuis les attentats de Paris en 2015, la Belgique veut prendre en main le radicalisme. Dans cette perspective, une mission diplomatique belge s'est rendue début novembre à Riyad, en Arabie saoudite, pour rompre une convention qui lie les deux pays depuis 1969.
A l'initiative des deux familles royales, cet accord plaçait le pavillon oriental de l'Exposition nationale de Bruxelles de 1880 sous la tutelle de l'Arabie saoudite. Le but était alors de trouver un financement à l'entretien de cette institution belge. Le bâtiment est devenu la grande mosquée de Bruxelles et le lieu du Centre islamique et culturel de Belgique (CICB). Problème : des experts ont considéré en 2016 le lieu comme un foyer de radicalisation et une porte d'entrée du salafisme. Le secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration, Theo Francken a également tenté d'expulser l'imam Abdelhadi Sewif jugé «très radicalisé et salafiste».
La Belgique veut donc désormais contrôler le culte et cela passe par la rupture du bail, initialement contracté pour 99 ans. Après les attentats de Bruxelles en 2016, une commission parlementaire sur les attentats s'est constituée. Elle s'est notamment inquiétée du prêche dans la mosquée d'un islam d'inspiration «salafo-wahhabite». En octobre dernier, elle a aussi formulé un certain nombre de recommandations dont la fin de la convention.
«Il s'agit d'une avancée majeure dans la lutte contre le radicalisme : enfin, la communauté musulmane de Belgique ne sera plus sous une influence étrangère néfaste, qui a miné la cohésion sociale et qui a prôné une vision de l'islam hostile aux valeurs universelles et parfois contraire à nos lois», avait alors souligné l'un des partis politiques, le Centre démocrate humaniste (CDH), dans un communiqué.
Selon Le Monde, de nombreux fidèles, démentent quant à eux l’existence de dérives salafistes au sein de la mosquée. Dans tous les cas, la Belgique devra négocier pour rompre l'accord de 1969.
Ainsi, Le Monde relève le propos d'un conseiller du ministère saoudien qui a souligné «le rôle important»du CICB dans les relations entre les deux Etats, et par conséquent les nombreux échanges économiques entre ceux-ci. D'ailleurs, Le Monde rappelle que l’accord avait aussi été provoqué par la volonté belge d’assurer son approvisionnement pétrolier.
Avec la rupture de la convention, la Belgique entend assurer une transparence dans la gestion du culte musulman et permettre à différents courants de l'Islam de coexister.
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