«Des préjugés qui ne reflètent pas la réalité». L'Arabie saoudite a réagi en ces termes, le 11 février, aux soupçons fréquemment soulevés par la presse sur son soutien à des mouvements islamistes européens en mesure d'encourager des vocations djihadistes. La déclaration, tirée d'un communiqué rendu public le 11 février, survient deux jours avant l'audition de responsables de la grande mosquée de Bruxelles par la commission d'enquête de la Chambre des Représentants, au sujet des attentats de Bruxelles du 22 mars 2016.
Cette audition a pour but de faire la lumière sur les propos de l'administrateur général de la Sûreté de l'Etat, Jaak Raes, qui avait affirmé que le Centre islamique et culturel de Belgique (associé à la grande mosquée de Bruxelles) investissait massivement dans la promotion du salafisme dans le pays. Or, ce centre est en grande partie financé par l'Arabie saoudite, via la Ligue islamique mondiale.
«[Riyad] condamne sous toutes ses formes le terrorisme, ses partisans et ceux qui le justifient [et] combat depuis des années la radicalisation, l’extrémisme et le terrorisme», a martelé la représentation de l'Arabie saoudite auprès de l'Union européenne (UE), dans son communiqué, avant d'ajouter : «Les faits démontrent qu’en aucun cas le Royaume ne finance ni ne soutient aucune institution radicale en Belgique ou dans tout autre pays.» En Belgique, précise même le communiqué, la monarchie arabe est «pionnière en matière de déradicalisation», abordant le problème du terrorisme à sa racine.
Les autorités belges s'inquiètent de la montée en puissance du wahhabisme
C'est une vision bien moins innocente de l'influence saoudienne en Belgique qu'exprimait un rapport officiel de Bruxelles ayant fuité dans la presse le 8 février. Dans ce document, rédigé par l'OCAM (Organe de coordination pour l'analyse de la menace), l'organisme public s'inquiétait de la propagation du wahhabisme en Belgique.
Il était particulièrement question du basculement de nombreuses mosquées, centres islamiques et librairies musulmanes sous le contrôle d'imams ou organisations liés à Riyad, qui véhiculeraient des idées incompatibles avec les valeurs démocratiques. Bien que les autorités belges ne l'affirment pas, il y a fort à parier que la progression de cette vision rigoriste de l'islam soulève des craintes publiques en matière de lutte contre le terrorisme.
Le double attentat-suicide qui a frappé l'aéroport et le métro de Bruxelles, en mars 2016, avait été revendiqué par l'organisation djihadiste Etat islamique. Par ailleurs, de nombreux suspects de l'attaque meurtrière de Paris de novembre 2015 proviennent ou sont passés par le quartier bruxellois de Molenbeek.