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La Deutsche Bahn veut nommer un train «Anne Frank» : fausse bonne idée ?

La compagnie ferroviaire allemande a voulu honorer les grandes personnalités de l'histoire en donnant leurs noms à ses trains. Parmi elles, Anne Frank, décédée en déportation en 1945. Un projet «douloureux», selon la fondation Anne Frank.

La fondation Anne Frank a publié le 30 octobre un communiqué déplorant le projet de la compagnie ferroviaire nationale allemande Deutsche Bahn de donner le nom de grandes personnalités de l'histoire allemande à ses nouveaux trains à grande vitesse de type ICE4.

Plus précisément, la fondation regrette que, parmi les noms retenus, figure celui d'Anne Frank, célèbre auteur d'un journal intime et qui avait été déportée en 1944 avant de trouver la mort l'année suivante en camp de concentration.

«Douloureux» pour les victimes, «irrespectueux», selon une députée

La fondation Anne Frank a déclaré : «La combinaison d'Anne Frank et d'un train évoque des associations avec la persécution des juifs et les déportations durant la Deuxième Guerre mondiale.» Elle qualifie également de «douloureuse» pour les survivants de l'holocauste l'idée de donner le nom d'Anne Frank à un train, ajoutant que cette appellation «cause à nouveau de la peine à ceux qui vivent avec le poids de cette époque».

Une députée allemande de Bavière, Iris Eberl, a également dit toute son indignation sur Twitter. «Nommer un train Anne Frank est très irrespectueux», a-t-elle dénoncé.

La compagnie de train s'est, quant à elle, défendue d'une quelconque «intention de blesser la mémoire d'Anne Frank» et s'est dite «profondément désolée» que l'initiative ait été perçue de cette manière.

La Deutsche Bahn s'est également engagée à «prendre au sérieux les réserves» formulées sur son projet et a annoncé qu'elle se rangerait à l'avis des associations juives consultées à cette occasion.

La Deutsche Bahn avait pourtant lancé une grande consultation du public sur le sujet et avait reçu 19 000 propositions de noms sur lesquelles, elle n'en a retenu que 25, dont l'ancien chancelier Konrad Adenauer et deux résistants exécutés par les nazis, Hans et Sophie Scholl, ainsi que l'écrivain Erich Kästner.

Les deux historiens qui faisaient partie du jury n'ont visiblement pas été très surpris par ces différents choix en amont de leur publication.

Les costumes et détournements antisémites : une mode ?

La fondation Anne Frank a pour sa part retenu une certaine tendance actuelle qu'elle a tenu à dénoncer : «La force symbolique d'Anne Frank est grande [...], ce qui a conduit ces derniers temps à une multitude de manifestations, comme donner son nom à des rues, écoles, parcs... mais aussi à des costumes d'Halloween et des expressions antisémites dans le football.» La fondation faisait ainsi référence à la récente affaire des supporters de l'équipe Lazio de Rome qui avaient détourné le portrait d'Anne Frank en la rhabillant avec un maillot de leur club.

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